• Devoir de mémoire : La Shoah... des Tsiganes (C.Dupille - eva R-sistons)

     
     
    Mardi 27 janvier 2015

     

    tsiganes-ancien-temps-j.jpg

     

     

    Introduction de Chantal Dupille (eva R-sistons)

     

    La Shoah monopolise l'attention de tous, en permanence, en toutes occasions (même au risque de traumatiser de tous jeunes élèves du CP2), et en particulier maintenant. Tant pis si dans les camps il y avait tant d'autres victimes (Tsiganes, résistants, russes, patriotes, homosexuels, handicapés mentaux,Témoins de Jéhovah, etc), dont on ne parle jamais - privilège de peuple soi-disant élu ? Les privilèges me seront jusqu'au bout intolérables, depuis mon premier souffle car maman a privilégié ma soeur (elle acceptait une fille, pas une deuxième, moi). Et qui se soucie de l'extermination des Palestiniens sous les bombes, mettant au monde des enfants malformés, préparant les malades et les infirmes de demain ? Et qui parle des projets de Shoah universelle des Rothschild, concoctant une guerre mondiale de dépopulation et pour les rescapés, le Nouvel Ordre Mondial totalitaire, eugénique, asexué, esclavagiste ? Personne. Et qui parle de l'extermination des Amérindiens par les cow-boys, de l'esclavage des Africains, de l'agonie des Tutsi ou des Arméniens ? Personne. La souffrance est partout, et souvent l'oeuvre des fils de rescapés, comme au Proche-Orient, au Moyen-Orient ou en Ukraine, pour des raisons de domination et de prédation. Mais dans notre monde si sioniste, hélas, tous les projecteurs sont braqués sur UNE SEULE communauté. Intolérablement injuste !

     

     

    tsigane-caravane-j.jpg

     

    http://www.mandora.fr/mandorine/index.php/cinema/liberte 

     

    Alors, dès 2008 j'ai commencé à publier toutes sortes d'articles, notamment sur le blog qui m'a fait connaître (R-sistons à l'intolérable), pour faire justice, pour mettre à jour une Shoah ignorée, proportionnellement plus terrible que les autres : Celle des Tsiganes, mes amis qui m'ont fait passer un merveilleux mois avec eux au Sacro-Monte de Grenade, à vingt ans. Voici l'un de mes articles, précédé d'une introduction d'un militant des Droits humains. Chantal Dupille (eva R-sistons)

     

    Chantal Dupille au milieu de ses amis Gitans

     

    gitan-s-3-et-eva--copie-1.jpg

     

    L'utilisateur est hors-ligne TRiBaLiTy
    Mister PANNEAUX, 33 ans  

     

    http://www.forumfr.com/sujet355148-la-shoah-des-tsiganes-l-injustice-au-sommet.html

     

    Dès le collège, je me suis battu avec mes profs pour qu'ils parlent correctement de l'extermination des Tsiganes pendant la guerre et des multiples injustices qui s'ensuivirent, le peuple étant trop occupé à consoler les Juifs ( encore aujourd'hui :blush: ) en occultant complêtement ceux qui ont été exterminés en plus grand nombre, ayant subis les pires atrocités et pourtant ayant le plus vaillamment défendu la Liberté.

    Ayant participé au sujet du devoir de mémoire sur la Shoah juive, étant partisan du "perdons la mémoire" c'est à dire arrêtons de ne parler que de ça, je créé ce topic pour réparer l'oubli fondamental de tout les livres d'histoire et cela pourquoi ? Car nous n'avons pas de gouvernement/pays pour rappeler les autres pays à l'ordre et que nous ne sommes pas du genre à geindre comme d'autres populations qui se sert de leurs malheurs aujourd'hui pour nous faire passer tout et n'importe quoi.

    Pour cela, je vais donc vous transmettre cet article extrêmement bien écrit qui résume parfaitement ce que je voulais vous dire et l'histoire réel de ce peuple au cours du début du XXème siècle :

     

    Devoir de mémoire : la Shoah des Tsiganes

    Devoir de mémoire : la Shoah des Tsiganes

     

     

    La barbarie nazie n’épargna pas les Tsiganes. Ils vécurent les mêmes épreuves que les Juifs, en pire. En effet, dès 1936 ceux d’Allemagne, considérés comme des "non-personnes", furent envoyés dans des camps de concentration en Autriche ou dans leur pays. Les femmes étaient stérilisées de force, car on considérait qu’elles ne méritaient pas de se reproduire. Puis commença ce qu’on appela alors "la destruction des vies inutiles". Dans toute l’Europe occupée, on entreprit la traque du "gibier" tsigane, d’abord en 1939, ensuite en 1941 et 1943. L’extermination des 5 à 600 000 nomades eut essentiellement lieu dans les camps polonais.

     

     

     

    ADVERTISEMENT

     

    En réalité, la persécution des Fils du Vent commença avant l’arrivée des nazis au pouvoir, avec les lois de contrôle de la "plaie tsigane" dès 1926. Deux ans plus tard, la surveillance devint spécifique et permanente. Puis vint, dès 1933, la "stérilisation eugénique", l’interdiction des mariages mixtes en 1934-35 et, enfin, les premiers enfermements au camp de Dachau, en 1936.

     

     

     

    C’est à l’automne 1939 que les déportations deviennent massives et c’est sur deux cent cinquante enfants tsiganes que les nazis testèrent le zyklon B, au camp de Buchenwald, en février 1940.

     

     

     

    Cette politique-là, les nazis l’étendirent à l’ensemble de l’Europe occupée.

     

    Gadjo DiloEnsuite commença l’extermination à grande échelle. Si l’on en croit les nazis, la moitié de la population tsigane d’Europe fut supprimée. Tragédie supplémentaire, le nom des victimes tsiganes ne fut même pas mentionné durant le procès de Nuremberg ! L’oubli total... alors qu’on ne cesse de commémorer le martyr juif. Deux poids, deux mesures - ni plus ni moins. C’est pourquoi moi, l’amie des Tsiganes, j’ai décidé de prendre ma plume pour rappeler au monde cette énorme injustice. Il est temps de rendre hommage aux victimes tsiganes, qui d’ailleurs furent parmi les résistants les plus acharnés.

     

     

     

    En effet, très tôt ce peuple libre et fier comprit le sort qui lui était réservé. Il accepta immédiatement de rejoindre la lutte clandestine, pour mener ce que l’historien hollandais Jan Yoors appellera la "guerre secrète des Tsiganes". Aguerri, malin, il usera de mille stratagèmes pour déjouer la vigilance des nazis, porter des messages ou transporter armes et explosifs. De nombreux fugitifs furent sauvés grâce aux Tsiganes. On leur doit aussi de nombreuses actions terroristes de résistance à l’ennemi hitlérien.

     

     

     

    MarianEn 1945, les nazis aux abois se livrèrent encore à de multiples massacres sur les derniers Tsiganes internés dans les camps allemands. Et plusieurs pays européens gardèrent internés pendant plusieurs mois leurs populations ! Quant aux résistants qui avaient survécu, ils ne bénéficièrent même pas, à la fin de la guerre, des promesses d’intégration sociale qui leur avaient été faites. Et ils ne trouvèrent personne pour les défendre, ni même évoquer la mémoire des disparus. Bien sûr, aucun d’entre eux ne réclama réparation pour tous les préjudices subis. Le peuple tsigane ne revendique jamais ; il subit en silence - et en musique, car chez eux l’instinct de survie et le goût pour les arts a toujours raison des événements les plus dramatiques. Je l’ai expérimenté personnellement, en partageant leur existence misérable dans un bidonville situé sur une décharge publique madrilène. L’horreur absolue, et une joie inscrite dans les gènes pour transcender les moments les plus difficiles. Admirable peuple ! Ce séjour marqua de manière indélébile mon esprit, et scella ma carrière de journaliste.

     

     

     

    Quelle a été la politique à l’égard des Tsiganes en France ?

     

     

     

    Traditionnellement, les sédentaires se méfient des nomades. Dès 1912, les populations errantes se voient attribuer un carnet anthropométrique, visé dans chaque commune, à l’arrivée comme au départ. A cette époque, déjà, les Tsiganes, tout comme les Juifs, sont victimes de persécutions et de discriminations.

     

     

     

    Le gouvernement de Vichy durcit cette politique. Et, dès l’automne 1940, des Tsiganes sont internés dans des camps de concentration, à Argelès-sur-Mer et au Barcarès, dans les Pyrénées-Orientales, camps créés à l’origine afin d’accueillir les réfugiés espagnols et les Juifs. Même logique d’exclusion, pour des populations pourtant différentes. Et ce sont près de trois mille Tsiganes qui auraient été internés dans l’ensemble de la France entre 1940 et 1946.

    C’est en 1942 qu’est créé le seul camp d’internement réservé aux nomades, celui de Saliers.

     

     

     

    (JPEG)

     

    Photographie de la construction du camp, octobre 1942 (142 W 76)

    Le camp est situé en zone libre, sur la commune d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône. Il s’est d’abord inscrit dans une logique de sédentarisation, puis d’enfermement. Pour commencer, trois cents nomades doivent s’entasser dans des petites cabanes inachevées, sans électricité. Les conditions d’hébergement et de ravitaillement sont lamentables. Le sort des enfants est particulièrement difficile ; ils ne sont évidemment pas scolarisés. Sans vêtements de rechange, les hébergés finissent par porter des loques. Ils sont squelettiques, mais ils résistent. Aguerris et indomptables. Finalement, le sous-préfet d’Arles demande la fermeture du camp dès juillet 44.

     

     

     

    Ceux qui ont survécu à l’enfer ont gardé vivante la mémoire du camp. Mais le site n’a conservé aucune trace du lieu.

     

    Dans les camps de concentration allemands, les Tsiganes ont été littéralement massacrés. On cite par exemple le chiffre de 20 000 pour la seule nuit du 31 juillet 1944, à Auschwitz. Le 1er août, un officier SS d’Auschwitz put écrire, après l’envoi des Tsiganes à la chambre à gaz : "Mission terminée, traitement spécial exécuté". Traitement spécial ! Pire encore que celui que subirent les Juifs, les handicapés, les malades mentaux, les homosexuels, les communistes, les résistants ! Et au total, pour la seule Allemagne, cinq à six cent mille Gitans, Roms et Kalderas auraient péri. A Dachau, les Tsiganes étaient tués le jour même de leur arrivée ou le lendemain. Simplement parce qu’ils étaient nés Tsiganes.

     

    Comme les Juifs, les Tsiganes ont été victimes de l’idéologie nazie, politique de la race afin de régénérer le sang allemand, et politique de l’espace pour la création d’une grande Allemagne débarrassée des éléments impurs, étrangers, inférieurs. L’élimination des Tsiganes aura d’autant mieux été acceptée, que la mise à l’index était ancienne.

    Aucune voix ne s’élève pour défendre la cause des Tsiganes discriminés, stérilisés, persécutés, spoliés, exterminés. Nulle mémoire, nulle indemnité, nulle commémoration. Rien. Le vide absolu. Ostracisme complet.

     

    Définitif ?

     

    Jusqu’à mon dernier souffle, je me battrai pour la reconnaissance de ce peuple admirable, qui a toujours refusé toutes les guerres et marqué son indépendance dans un monde de plus en plus uniforme.

     

    Eva R-sistons (Chantal Dupille)

     


    Éléments de bibliographie :

     

    • Christian EGGERS, L’Internement sous toutes ses formes : approche d’une vue d’ensemble du système d’internement dans la zone de Vichy in Revue d’histoire de la Shoah, pp 7-75, janvier-avril 1995.
    • Marie-Christine HUBERT, La Réglementation anti-Tsiganes en France et en Allemagne avant et pendant l’occupation nazie in Revue d’histoire de la Shoah, Les Tsiganes dans l’Europe allemande.
    • Marie-Christine HUBERT, L’Internement des Tsiganes : un premier pas vers la socialisation ? in Revue d’histoire de la Shoah, Aryanisation : le vol légalisé, pp 107-139, janvier-février 2000.
    • Donald KENRICK, Grattan PUXON, Destins gitans, coll. Tel, Gallimard, 1972.
    • Paul LEVY, Poitiers, antichambre de la Shoah in Revue d’histoire de la Shoah, pp 120-143, janvier-avril 1995.
    • Denis PESCHANSKI, Les Tsiganes en France 1939-1946. coll. Histoire du XXe siècle, CNRS éditions, 1994.
    • Jacques SIGOT, Ces barbelés oubliés par l’histoire. Un camp pour les Tsiganes... et les autres. Montreuil-Bellay 1940-1945. Wallada Cheminements, 1994
    • La Persécution des Tsiganes par les nazis, de G. Leury, Belles Lettres 2003.
    • Destins gitans, de D. Kenrick Gallimard 1995.
    • Les deux photos en noir et blanc de l’article sont issues de http://memoire-net.org

     

     

     

    Tony Gatlif, film Liberté

     

    .

     

    Tsiganes-scene-liberty-j.jpg

     

     

     

     

     

    Sur mon blog R-sistons à l'intolérable, à contre-courant

     

    Tsiganes (2): Appel aux rescapés de la Shoah pour qu'ils témoignent

     

    R-sistons à l'intolérable

     

     

     

     

     

    .

    .


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :