• Chantal Dupille publie son premier roman (la version pdf est gratuite)

     
     
    Jeudi 26 juin 2014

     

     

    Chantal Dupille et trois ex membres de gangs de rues,

      le héros de son roman est avec le polo blanc

     

    gangs-membres-dont-mikael-livre-eva002-1.jpg

     

    Mon premier roman, je vous l'offre !
    Ouvrage né d'une rencontre fortuite
    avec un ex jeune membre de gangs de rues de New-York

     

     

    Sommaire de ce post

     

    Le premier roman de Chantal Dupille,

    présentation, extraits, vidéo, liens

     

    Guerre mondiale bientôt, ou pas ?

    Article de Chantal Dupille

    suivi de celui du site mondialisation.ca

     

     

    Reportage sur un journal, mars 1986

    photos de membres de gangs que j'ai côtoyés,

    à droite j'interviewe Nicky Cruz le héros de "La Croix et le Poignard",

    chef d'un des gangs les plus réputés de New York devenu Pasteur

     

    Gangs-J-liberee-bas-coupe.jpg

     

    Avant-Propos du Livre
     
    Cet ouvrage a vu le jour voici quelques années, juste une maquette destinée à la mise en place d'une Maison d'Édition de livres engagés. D'autres sujets devaient suivre, dont un sur les gangs de rues américains mais cette fois sous forme de reportage, et mon autobiographie que Fayard voulait éditer lorsque j'avais trente ans. Finalement, le projet d'Édition était trop lourd pour moi, et mon roman sur les gangs n'a pas du tout été commercialisé.
     
    L'actualité incertaine (bruits de guerre...) m'a donné envie de reprendre rapidement la publication, pour que cette histoire basée sur des faits authentiques puisse voir enfin le jour - mais avec un titre différent (d'ailleurs celui que j'avais prévu au départ), et sans illustration.
     
    Dans l'urgence, j'ai décidé de l'auto-éditer, mais un Éditeur européen à diffusion internationale s'est intéressé à mes écrits et a voulu publier ce roman. Il m'a envoyé le contrat stipulant 12% de droits pour moi, mais aucun exemplaire d'auteur, ce qui était inacceptable car j'ai l'habitude d'offrir, de partager... Acheter mon ouvrage pour l'offrir ? Impossible, je ne pouvais le concevoir. Donc j'ai proposé de renoncer à une partie de mes droits d'auteur en échange de quelques exemplaires, puis de renoncer à tous mes droits en échange d'une vingtaine de livres. Voici les courriers reçus à la suite de mes deux offres :
     
    " J'ai longuement discuté avec la direction pour votre demande et nous ne pourrons malheureusement pas faire d'exception par rapport aux copies gratuites. Pour des raisons de "fair play" envers nos autres auteurs, nous ne pouvons changer les conditions existantes.
       J'espère pouvoir compter sur votre compréhension sur ce sujet et je tiens également à vous dire que je reste à votre disposition si vous souhaitez poursuivre l'aventure avec nous ".
     
    " Après une nouvelle tentative du côté des responsables, il en ressort que nous ne pouvons toujours pas accepter l'offre que vous nous faites. Je suis vraiment désolée que cette collaboration ne puisse aller de l'avant. Votre ouvrage nous avait bien plu !
       Malheureusement, les conditions ne peuvent être changées. J'espère que vous pourrez aller de l'avant avec la publication de votre livre en auto-édition.
    Tout de même, si vous changez d'avis, nous serons très certainement ravis de poursuivre cette aventure avec vous. N'hésitez pas à me contacter à cet effet ".
    .
    L'argent ne m'intéresse pas, mais le partage, oui. Donc, je poursuis l'"aventure" seule. Pas tout-à-fait d'ailleurs, avec l'aide d'un Lecteur ami sur le plan technique et la diffusion, préférant comme moi la société de la gratuité à celle du profit.
     
    La version pdf du livre est gratuite, la version imprimée est à prix coûtant. Bref, j'aurai mes exemplaires d'auteur, et le prix de vente du livre ne sera pas un obstacle pour les Lecteurs et les Lectrices potentiels...
     
    Bonne lecture, fraternellement,
     
    Chantal Dupille
     
    Couverture de la maquette de départ,
    photo d'un des Ching-A-Ling (gang à motos)
    qui m'a reçue dans le repaire du gang
    rival des Hells'Angels, à NY
    Titre envisagé : Du gang... à la Vie !
    Ce roman n'a pas été publié,
    il est resté dans le tiroir, lu par personne,
    le projet de mise en place de Maison d'Edition
    avec ce livre pour commencer, n'ayant pas abouti.
    Depuis, l'ouvrage a été largement remanié
    et il a été publié sous le titre
    "Et l'espérance jaillit du gang".
     

     

    gangs-couverture-1.jpg

     

     

    Ce roman est basé sur des faits authentiques,

    c'est l'histoire d'un gang de rues dont tous les membres sont morts

    les uns après les autres.

    Le héros, Miguel, s'est converti la veille

    de l'extermination de son gang.

    Le rencontrer était un cadeau pour un écrivain !

    A travers ce personnage, c'est l'histoire dramatique d'un gang,

    et la "résurrection" du héros à la fin, à 16 ans.

    Dans la vie, il sera envoyé en Inde comme missionnaire,

    moi je l'envoie dans son gang ennemi... Fin imaginée, donc !

    Chaque événement, chaque mort de gang

    est basé sur des faits authentiques,

    romancés, mais en général à partir

    de documents d'archives de la Police US.

    Pour pénétrer dans les gangs,

    je me suis installée notamment au coeur du Bronx,

    pendant deux bons mois,

    et j'ai reçu l'aide de la Police américaine

    (patrouillant avec les Cops),

    ainsi que celle de missionnaires évangéliques.

    Merci à eux !

    Chantal ève Dupille

     

     

    Couverture de l'édition brochée

     

     

    Gang-livre-pour-Lullu-couverture-prete.jpg

     

     

    Pdf gratuit :

    http://ahp.li/ba9dc639e94111dee1e2.pdf

    (3 mois, clos fin septembre)

     

     

     

     

    Maquette de la 1e page de l'édition actuelle, version pdf

    gang-couverture-TB-avec-bulles-copie-1.jpg

     

     

     

    Avertissement

    Cet ouvrage n'est pas pour tout public.

    Il comporte des passages très violents,

    pour rester fidèle à la réalité

    (sauf les scènes de combats, romancées),

    et certains passages à teneur évangélique

    qui peuvent heurter la sensibilité de personnes

    athées, juives, musulmanes...

     

    L'ouvrage dresse le portrait d'une Amérique violente,

    et dans certais passages, d'une Amérique à la foi flamboyante,

    bref terre d'excès en tous genres.

     

     

    Un sincère merci à Jean-Claude,

    Lecteur-écrivain--blogueur,

    pour sa si précieuse aide technique.

     

     

     

    Courte présentation de l'auteur, sur le livre

     

    a-photo-preferee-chantal-30-ans-copie-1.JPG

     

    Chantal Dupille est née dans l'Oise, père bordelais et mère russe.
    Après avoir obtenu son diplôme de journaliste et sa
    licence de Lettres Modernes à la Sorbonne, elle se lance dans
    l'écriture d'un livre sur le mai 1468 des étudiants. Suivent
    trois autres ouvrages, publiés par Hachette Littérature et
    Balland. Parallèlement elle réalise à 20 ans son premier
    reportage en vivant parmi les gitans d'Espagne. Puis elle
    devient journaliste, notamment à Noir et Blanc, aux Dernières
    Nouvelles d'Alsace (entre autres, Pages Jeunes) et à FR3 Alsace
    : elle y produit plusieurs documentaires, en particulier
    sur l'accessibilité des villes aux personnes handicapées
    ("Mulhouse, ville en pentes douces"), ou sur les motards
    ("Les croisés de la moto").
    .
    Son souci pour les plus démunis l'a conduite
    à accueillir chez elle des personnes en
    difficulté, à s'engager dans des associations humanitaires
    comme la Boutique Solidarité Fondation Abbé Pierre,
    à partager la vie des plus défavorisés
    (dans le cadre de reportages, de conférences ou de livres),
    à mettre en place et à animer un centre d'entraide à Marseille.
    Elle est mère de trois enfants, deux garçons et une fille.
    Aujourd'hui, Chantal Dupille administre plusieurs blogs
    (6.000.000 de visiteurs uniques au 15 mai 2014)
    contre "l'intolérable, la désinformation, les guerres,
    le choc de civilisations, les crises provoquées", etc,
      ou pour les seniors et les jeunes, et elle a enregistré
    plusieurs vidéos sur daily motion, sous le pseudo eva R-sistons.
    Un site centralise tout : http://chantaldupille.fr
    .
    Chantal Dupille a, par hasard, découvert la foi
    dans les milieux chrétiens charismatiques;
    sa foi est vivante comme celle des premiers chrétiens,
    ouverte, tolérante, incarnée, prophétique,
    engagée aux côtés des plus faibles.
    Elle se considère comme citoyenne du monde
    et milite pour une société plus juste, plus humaine, plus fraternelle,
    où chacun trouverait sa place. Pour elle ce qui compte avant tout,
    c'est la liberté, la vérité, la justice et la paix.
    Elle a vécu parmi les gangs de rue au cœur des ghettos américains,
    surtout dans le Bronx à New-York.

     

    ......

     

    cliquer sur l'image pour la vidéo

    50:36
    Dans cette vidéo,
    à partir de 11 mn,
    trois témoignages extraordinaires de foi vivante.

     

     

    Extraits.

    Le gang dans le métro,

    le Welfare Center,

    combat de gangs.

     

     

    Comme le sang gicle partout sur les trottoirs du Bronx, les graffitis jaillissent sur les murs de la ville, à chaque point stratégique, sur chaque wagon de métro : inscriptions énormes, slogans accrocheurs, dessins figuratifs ou apocalyptiques, mots obscènes, phrases incompréhensibles, dédicaces hâtives, plaisanteries grossières, initiales gigantesques, commentaires vengeurs, messages politiques, sociaux, amoureux ou écologiques, tout cela fait partie du paysage newyorkais au même titre que les immeubles éventrés, les cimetières de voitures, les églises pentecôtistes.

    Les graffitis, c'est la violence et l'imagination étalées sur chaque mur, une débauche de couleurs et de talents éphémères. Il s'agit d'ailleurs moins de décorer les murs, que de délimiter un territoire âprement disputé et de matérialiser son désir d'exister.

    Graffiti (NB C'est le Président du gang Les Fils de Satan, note de ch d) adorait voir son nom s'étaler en lettres gigantesques, et il n'avait pas son pareil pour dénicher l'emplacement idéal pour exalter sa personne. Mais, par dessus tout, il affectionnait les wagons de métro qui traversaient la ville de part en part. Ainsi, sa réputation dépassait largement les limites du quartier, du moins le croyait-il.

    Les Fils de Satan parcoururent à grandes enjambées la distance qui les séparait de l'entrée du métro, cette case noire qui se dresse à intervalles réguliers dans l'échiquier du Bronx. Comme ils s'y attendaient, l'accès était gardé par un policier qui tripotait machinalement sa matraque et son colt pendu à la ceinture.

    Les cinq garçons passèrent avec insolence devant le sergent, et Miguel, volontiers farceur, s'amusa même à lui envoyer un pied de nez alors qu'il regardait dans une autre direction.

    — Hé, qu'est-ce que vous fichez ici, sales garnement ?

    Visiblement, le policier n'appréciait ni l'allure des kids ni les grands sacs beiges de super-marché qu'ils tenaient en mains. Il voulut les interpeller mais, déjà, les adolescents avaient disparu.

    — Sales Portoricains ! grommela l'officier.

    Les Fils de Satan gravirent l'escalier quatre à quatre, et ils franchirent les tourniquets encore plus vite.

    — Hé, là-bas !

    Derrière son guichet, le préposé haussa les épaules. Il n'allait pas risquer sa peau pour quelques resquilleurs !

    Les cinq kids arrivèrent sur le quai juste au moment où les portes du métro se fermaient en grinçant.

    — Raté ! commenta Graffiti d'une voix rageuse. Au suivant !

    Quelques instants plus tard, on entendit un grondement de roues d'acier et une nouvelle rame, longue et bariolée, fit son entrée. Les Portoricains montèrent dans un wagon à demi plein qui, à leur apparition, se vida aussitôt. En descendant, d'ailleurs, quelques voyageurs reçurent au passage, sur la tête, une mixture puante soigneusement élaborée par les kids eux-mêmes. Ils étaient furieux ! Les garçons, eux, savouraient leur plaisanterie ; joie de terroriser, joie de régner en maîtres, joie, aussi, de voir bientôt la ville défiler à leurs pieds.

     

    §§§§

     

    Manhattan. Acier et verre, verre et acier à perte de vue. Manhattan, c'est une jungle en béton jaillie du sol dans un formidable élan de puissance. Angela et Miguel étaient assommés par l'énormité des buildings qui se dressaient sur leur route comme autant de géants menaçants. Et ils ne cessaient de s'égarer dans le dédale de l'orgueil américain.

    Enfin, le Welfare Center apparut, ultime bastion des perdants et des exclus, dernier refuge de ceux qui n'attendent plus rien de la vie qu'un peu de pitié et les miettes du grand festin des riches. Tous ceux qui avaient fait confiance au système américain, tous ceux qui s'étaient raccrochés aux folles chimères de la réussite à tout prix, tous ceux qui avaient misé sur le dollar-roi, se retrouvaient là, floués, hagards, suppliants, résignés à solliciter les bribes du grand rêve qui s'écroule.

    En voyant la masse imposante du Welfare Center, les Sanchez pressèrent le pas. Il était temps ! A huit heures du matin, la queue n'en finissait pas, immense cortège de la misère, interminable rebut du mirage américain.

    Quand les portes s'ouvrirent enfin, à neuf heures précises, ce fut la ruée ; la multitude de femmes et d'enfants se précipita. Et tout ce monde courait, se bousculait, s'accrochait, tombait, se relevait, avec l'énergie du malheur accumulé pendant des années. Le spectacle était vraiment pitoyable : on s'agitait, on s'empoignait pour avoir les places assises ; on s'énervait, on se lançait des injures colorées ; les enfants pleuraient, s'impatientaient ; les mères étaient tendues, constamment sur le qui-vive...

    Angela et Miguel se virent enfin attribuer un numéro. Pour eux, l'attente commençait, inconfortable, incertaine, angoissée. A force de scruter les visages, sombres surtout, les Sanchez reconnurent des expressions familières, et des sourires crispés s'échangeaient. Au Welfare, il n'y avait plus d'amis, plus de familles, plus de solidarité ; c'était le chacun pour soi, la lutte pour la survie.

     

    §§§§

     

    Dans un élan meurtrier, Miguel bondit contre deux Noirs en même temps et les renversa au milieu des balles qui sifflaient de tous côtés ; puis il asséna un coup terrible à l'un de ses adversaires qui, péniblement, tentait de se relever. Et il repartit héroïquement à la charge. Autour de lui, il y avait des gueules écrasées, disloquées, pulvérisées, ce qui le rendait plus furieux encore.

    Les Noirs étaient décontenancés par la brutalité de l'attaque ; ils battirent précipitamment en retraite. Seules deux filles s'étripaient encore comme deux lionnes en furie, toutes griffes dehors, accrochées l'une à l'autre, violemment enchevêtrées.

    La pause ne dura pas. Pendant que les Noirs se regroupaient, les Portoricains rassemblaient leurs forces et rechargeaient leurs armes. La façon dont ils avaient repoussé l'assaut leur donnait confiance. Et la bataille reprit, redoublant d'intensité, de haine raciste, de fureur. Un corps arrivait, puis un autre, puis d'autres. Cela n'en finissait pas !

    On visait sans cesse Miguel, on le manquait toujours. Cela dépassait l'entendement ! Le garçon se couchait, se redressait, frappait, disparaissait, réapparaissait, multipliait les attaques et les défenses, narguant la mort, se riant d'elles.

    Soudain, le jeune Sanchez fut encerclé. Le visage tuméfié, il fonça dans le tas, aux côtés de Sombrero et de Zorro venus à la rescousse. Un poignard dans chaque main, le virtuose de la lame bondissait à travers la meute hurlante, frappant consciencieusement, systématiquement, presque scientifiquement. Brusquement, Zorro reçut un formidable coup de poing dans l'estomac qui faillit lui faire perdre la respiration. Un Dragon en profita pour le prendre à revers et, d'un magistral coup de tête, l'envoya à terre. Avant même qu'il eût eu le temps d'esquisser le moindre geste de défense, un Noir sauta à pieds joints sur lui, tandis qu'un autre l'assommait au moyen d'un marteau avant de l'achever avec une machette.

    De son côté, Sombrero repoussait toutes les attaques avec une vigueur décuplée par la haine. Il utilisait l'élan de ses agresseurs pour les neutraliser, culbutait ses assaillants, les projetait au sol, leur faisait des clefs de bras et des saisies au cou. Sombrero n'avait pas besoin d'armes ; sa science du judo, si exceptionnelle dans le quartier, lui suffisait pour terrasser ses adversaires décontenancés.

     

     

    Scène du Bronx, quartier peuplé de gangs de rues

    Gangs-Bronx-immeuble.jpg

     

     

     

     

    Rappel pdf gratuit

    (pour ne pas gréver, en temps de crise,

    le budget de mes ami(e)s Lecteurs et Lectrices)

     

     

    http://ahp.li/ba9dc639e94111dee1e2.pdf

     

     

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    guerre-business.gif

     

     

     

    Vers la guerre mondiale, ou pas ?

    Par Chantal ève Dupille (dite eva R-sistons)

     

     

     

    Depuis un moment, je m'interroge. L'Amérique n'a plus d'argent pour les guerres, malgré sa planche à billets, alors elle les sous-traite à des imbéciles sans scrupules comme en France, ou à des frustrés, des laissés pour compte de la mondialisation mûrs pour être fanatisés. Et puis EIIL arriva, surmontant tous les obstacles, conquérant en peu de temps le nord de l'Irak et même mettant en déroute une armée subventionnée à hauteur de près de 25 milliards par les Américains. Fou ! Il était évident qu'EIIL avait des appuis importants, d'abord sionistes et même français obsédés par la résistance populaire d'Assad, mais aussi yankees. Et je me suis dit : L'USraël, finalement, n'a plus besoin de déclencher de grandes guerres coûteuses, impopulaires auprès des milieux financiers, et à l'issue problématique ; il lui suffit de soudoyer (armée ou dirigeants), de sanctionner sous de faux prétextes, de diviser les communautés ou les peuples, de provoquer chaos économiques, guerres civiles ou fausses révolutions... la panoplie est vaste !

     

     

    Et je trouve cet article rejoignant exactement mes interrogations, "Irak, Libye, Iran, Ukraine : Guerres des élites contre les peuples", voir ici,  Guerre mondiale d'un nouveau type ? L'impérialisme rusé, subtil, de classes

     

     

    Bref, pas de guerre mondiale en vue, mais des conflits de basse intensité ravageurs (comme en Irak où les USA financent à la fois EIIL et le Pouvoir, pour favoriser les exterminations mutuelles, et leurs marchands d'armes), de fausses révolutions, etc. Au final, les Anglo-Saxons doivent contrôler, asservir, piller le monde entier. Gare aux récalcitrants !

     

     

    Ma préoccupation essentielle est d'informer pour éviter à l'humanité les affres d'une nouvelle guerre mondiale d'autant plus apocalyptique, qu'elle sera nucléaire avec au final, le risque d'un hiver... nucléaire (plus rien ne pourra pousser). Vous le savez, j'ai mis en place un blog au titre explicite, "no war", et un autre, "communion de civilisations", ce dernier contre le choc de civilisations, pour la fraternité des peuples quelles que soient leur origine sociale ou géographique, leur religion, leur opinion, etc.

     

     

    Alors, la question est simple : Le risque de guerre mondiale s'éloigne-t-il ? Apparemment, oui. Mais en est-on si sûr ? Celle-ci a d'ailleurs été au menu des plus nantis, à Bilderberg. Ces invités au pouvoir démesuré, et usurpé, n'ont-ils pas préféré, au final, leur confort, la tranquillité, au risque d'une aventure incertaine, apocalyptique, dont on ne peut mesurer les conséquences ?

     

     

    Donc, l'Amérique est en plein effondrement économique et la planche à billets ne peut fonctionner indéfiniment. A l'extérieur, le pays est de plus en plus impopulaire, et à l'intérieur, la politique des gouvernements a de moins en moins d'adeptes. Enfin, des puissances émergent, et plus le temps passe, plus leur armement sera sophistiqué, menaçant. L'Oncle Sam cherchera-t-il une issue militaire à ses problèmes ? N'oublions pas, aussi, qu'il veut la peau de la Russie... Il y a cinq ans, j'avais écrit que la guerre mondiale pourrait partir de la Crimée-Ukraine !

     

     

    Obama a choisi l'impérialisme soft, discret, rusé, furtif. Mais si les Républicains sont élus, l'Amérique ne troquera-t-elle pas les interventions discrètes contre des guerres musclées, totales, voire la mondiale ?

     

     

    Et puis, en embuscade il y a toujours Israël, c'est-à-dire une entité qui se complait dans les guerres, se nourrit d'elles, et qui surtout avec des fanatiques au pouvoir liés aux colons extrémistes,  rêve d'allumer la mèche qui embrasera la planète pour ensuite, imposer un Jérusalem hégémonique sur les décombres de l'humanité, en fait le Nouvel Ordre Mondial. S'il impose la guerre, les Etats-Unis suivront - et le monde s'embrasera. Israël, rappelons-le, a une obsession, asseoir sa sécurité au prix de l'insécurité de tous les pays environnants. Et le fait que l'Iran ne soit pas encore tombé, lui est intolérable. Au point de vouloir l'attaquer, au risque d'une guerre mondiale d'autant moins gênante pour Tel-Aviv, donc, qu'elle débouchera sur l'objectif suprême, le Nouvel Ordre Mondial totalitaire, esclavagiste, eugénique.  

     

     

    Enfin, il y a l'inattendu, les surprises de l'Histoire. Un dérapage, par exemple, entraînant des réactions en chaîne...

     

     

    Alors, qui vivra, verra !

     

     

    Eva R-sistons (Chantal Dupille)

     

     

     

    Banques gouvernements peuples

    Irak, Libye, Iran, Ukraine : Guerres des élites contre les peuples

    Mondialisation.ca, 20 juin 2014

     

    La plupart des experts de l’évolution historique ont tendance à percevoir une nouvelle guerre mondiale par le déploiement à grande échelle de moyens militaires visant la défaite, la destruction ou l’asservissement d’un des belligérants. Bien que l’idée d’un tel scénario sinistre ne peut certainement pas être exclue, il y a des raisons de croire, cependant, que la fameuse Troisième Guerre mondiale dont on parle tant pourrait être d’un type différent : plutôt entre classes qu’entre pays.

    Vue sous cet angle, la troisième guerre mondiale se déroule déjà, et elle fait rage depuis des années : la guerre unilatérale néolibérale, transfrontalière de l’économie d’austérité qui est menée par la classe transnationale de l’oligarchie financière contre l’écrasante majorité des citoyens du monde, les 99%.

    La mondialisation du capital et l’interdépendance des marchés mondiaux a atteint un tel niveau que des affrontements militaires de grande envergure comme ceux des première et seconde guerres mondiales pourraient conduire à une catastrophe financière pour tous. Sans surprise, le réseau des élites financières transnationales, qui choisissent souvent depuis les coulisses les politiciens et les gouvernements, semblent être opposés à une autre guerre internationale qui pourrait paralyser les marchés financiers à travers le monde.

    Cela explique pourquoi les récentes agressions impérialistes ont souvent pris la forme d’interventions de type « soft-power » : révolutions de différentes couleurs, coups d’état « démocratiques », guerres civiles provoquées, sanctions économiques, etc. Bien sûr, l’option militaire demeure lorsque les stratégies de changement de régime « soft-power » échouent ou s’avèrent insuffisantes.

    Cependant, même dans ce cas, tous les efforts sont faits (par les grandes puissances capitalistes) pour rendre ces interventions militaires « contrôlées » ou « gérables », c’est-à-dire limitées à un niveau local ou national. Alors que les guerres « contrôlées » ont tendance à protéger les fortunes des profiteurs de guerre et les bénéficiaires des dépenses militaires (principalement le complexe sécurité-militaro-industriel et les grandes banques), ils ne provoquent pas de paralysie des marchés financiers internationaux.

    Cela explique aussi pourquoi les grandes puissances mondiales comme la Chine, la Russie, l’Inde et le Brésil ont tendance à ne pas s’opposer plus fermement aux politiques d’intimidation des États-Unis. Les cercles oligarchiques de ces pays ont plus en commun avec leurs homologues des États-Unis et d’autres pays capitalistes qu’avec leurs compatriotes. «  Qu’ils élisent domicile à New York ou Hong Kong, Moscou ou Bombay, les super-riches aujourd’hui constituent de plus en plus une nation à part entière », fait remarquer Chrystia Freeland, rédactrice de Reuters, qui côtoie les élites à travers le monde.

    Il est donc logique de penser qu’une alliance de fait existe entre les membres de cette « nation » mondiale des super-riches, qui contribue à faciliter les plans impérialistes de changement de régime. Par exemple, lorsque la Russie est menacée par les Etats-Unis et leurs alliés européens, les oligarques russes ont tendance à collaborer clandestinement avec leurs homologues de classe à l’Ouest, sapant ainsi la résistance de la Russie à une ingérence des puissances occidentales.

    Un bref regard sur les opérations récentes de changement de régime dans des pays comme l’Irak et la Libye, d’une part, et l’Ukraine et l’Iran, d’autre part, peut aider à comprendre quand et où les puissances impérialistes ont recours à une action militaire directe pour provoquer le changement (comme en Irak et en Libye), et où et quand ils ont recours plutôt à des tactiques de « soft-power » pour les mêmes objectifs, comme en Ukraine et en Iran. Deux raisons ou considérations principales peuvent être identifiées quant au choix des impérialistes dans les moyens ou tactiques à mettre en oeuvre.

    La première est liée aux écarts entre classes dans les pays ciblés. Grâce à une vaste (et souvent scandaleuse) privatisation des biens publics dans l’Ukraine et l’Iran, on a vu émerger des cercles d’oligarques financiers assez riches dans ces deux pays.

    Ces magnats pro-occidentaux ont tendance à collaborer avec les forces interventionnistes de l’étranger ; ils sont essentiellement des agents de changement de régime de l’intérieur, en collaboration avec les forces impérialistes de l’extérieur. C’est ce qui explique (au moins partiellement) la raison pour laquelle les plans de changement de régime dans ces deux pays se sont appuyés principalement sur le « soft power » et les révolutions de couleur au lieu d’une intervention militaire directe.

    En revanche, l’Irak de Saddam Hussein et la Libye de Mouammar Kadhafi n’avaient pas de classes riches influentes et connectées au niveau international. Ni Saddam, ni Kadhafi n’étaient des parangons de vertu ou des champions de la démocratie, mais ils ont joué le rôle de ce qu’on appelle parfois de « dictateurs éclairés » : ils ont mis en oeuvre des programmes sociaux étendus, maintenu un fort secteur public, se sont opposés à la privatisation des services publics tels que la santé et de l’éducation, et conservé les industries « stratégiques » telles que l’énergie et la finance sous la propriété et le contrôle de l’État.

    Ensemble, ces politiques ont empêché l’émergence d’élites financières puissantes comme celles qui ont émergé et se sont développées en Iran ou en Ukraine. Cela signifie, entre autres, que la « puissance douce » et/ou la tactique de la révolution de couleur, qui dépendent fortement d’alliés autochtones ou locales, à savoir la bourgeoisie dite compradore, n’avaient pas de bonnes chances de succès dans ces pays – d’où le recours au « hard-power » ou intervention militaire/occupation directe en Irak et en Libye.

    La deuxième considération impérialiste dans le choix entre tactiques « soft » ou « hard » est celle de savoir si la guerre déclenchée pourra être contrôlée et gérée au niveau local ou national, ou si elle peut échapper à tout contrôle et se transformer en un conflit régional et/ou mondial.

    Dans le cas de l’Ukraine, par exemple, une agression militaire directe aurait certainement impliqué la Russie, et serait très probablement devenue mondiale, avec des conséquences désastreuses sur le plan économique/financier, échappant au contrôle des puissances impérialistes – d’où le choix d’employer le « soft-ppower » et/ou le coup d’état « démocratique » en Ukraine.

    Une préoccupation similaire pour l’Iran – qu’une guerre totale pourrait échapper à tout contrôle – explique aussi pourquoi les plans de changement de régime dans ce pays ont (pour l’instant) porté principalement sur des sanctions économiques et d’autres tactiques de « soft-power », dont la « révolution de couleur » baptisée verte de 2009.

    En revanche, c’est le « hard power » ou la force militaire brute qui a été choisie pour un changement de régime en Irak et en Libye, choix basé sur la quasi-certitude que ces guerres allaient pouvoir être contrôlées avec un certain succès et ne pas se transformer en un conflit régional ou mondial.

     

    Le cas de l’Ukraine

     

    La crise récente et en cours en Ukraine montre clairement comment les élites financières transnationales ont tendance à éviter les guerres internationales cataclysmiques, de l’échelle de la Première ou Seconde guerres mondiales, en faveur de guerres contrôlables et souvent entre classes via des sanctions économiques et autres tactiques de « soft power ».

    Au lendemain du putsch du 22 février à Kiev, qui a renversé le président dûment élu Viktor Ianoukovitch et porté au pouvoir le régime issu du coup d’Etat et soutenu par les Etats-Unis, les tensions entre la Russie et les puissances occidentales étaient si fortes que de nombreux observateurs ont averti de « l’imminence d’une IIIème guerre mondiale ».

    Bien que les tensions et le danger de grands affrontements militaires entre les deux parties persiste, ils ont considérablement diminué depuis le début mai, lorsque le président russe Vladimir Poutine a cédé dans le bras de fer avec les puissances occidentales en annonçant le 7 mai que la Russie respecterait l’élection présidentielle en Ukraine, et travaillerait avec celui qui sera élu – en l’occurrence le milliardaire oligarque Petro Proshenko.

    Malgré la poursuite de la répression brutale contre les militants autonomistes dans les provinces du sud-est/est de l’Ukraine, les manoeuvres diplomatiques sans relâche menées par les représentants des élites financières des États-Unis, l’Europe, l’Ukraine et la Russie ont néanmoins réussi à éviter un clash militaire entre les parties américaines et russes.

    Qu’est-ce qui a changé entre toutes les menaces antérieures de sanctions massives et/ou d’actions militaires contre la Russie et l’accalmie relative et les « solutions diplomatiques » d’aujourd’hui ?

    La réponse, en un mot, est que les puissants intérêts économiques au sien de la finance internationale, le commerce et les investissements (c’est à dire les élites financières en Russie, l’Ukraine et le noyau des pays capitalistes) ne peuvent tout simplement pas risquer une nouvelle guerre mondiale incontrôlable. Certes, les grandes banques et les complexes militaro-industriels influents ont tendance à prospérer sur les guerres perpétuelles et les tensions internationales. Mais ils ont aussi tendance à préférer des guerres « gérables », « contrôlables » au niveau local ou national (comme celles en Irak ou en Libye, par exemple) aux grandes guerres cataclysmiques régionales ou mondiales.

    Ce n’est pas un secret que l’économie de la Russie est devenue de plus en plus liée à l’économie Occidentale (principalement en raison de la puissance économique et du comportement de ses oligarques transnationaux), et elle est également devenue de plus en plus vulnérables aux fluctuations du marché mondial et aux menaces de sanctions économiques. C’est ce qui explique, dans une large mesure, les gestes conciliants du président Poutine destinés à atténuer par des moyens diplomatiques les hostilités sur la crise en Ukraine.

    Ce qui est moins connu, cependant, c’est que les économies occidentales sont vulnérables aussi à des sanctions de la Russie, si la Russie décide de se venger. En fait, la Russie possède de puissants armes économiques pour exercer des représailles, si nécessaire. Les effets économiques de sanctions réciproques pourraient être très douloureux pour un certain nombre de pays européens. En raison de l’interconnexion de la plupart des économies et des marchés financiers, des sanctions en représailles pourraient aggraver de façon significative l’économie de l’Union européenne, déjà fragile, et même l’économie mondiale :

    Des sanctions sur les exportations russes affecteraient sévèrement l’UE. L’Europe importe 30% de son gaz de la société d’Etat russe Gazprom. La Russie est également le plus gros client de l’Europe. L’UE est, de loin, le premier partenaire commercial de la Russie et représente environ 50% de toutes les exportations et importations russes.

    En 2014, les échanges commerciaux entre l’UE et la Russie s’élèvent à environ 360 milliards d’euros (491 milliards de dollars) par an. Le total des exportations de la Russie vers l’UE, principalement de matières premières comme le gaz et le pétrole, s’élève à environ 230 milliards d’euros, tandis que les importations de la Russie de l’UE s’élèvent à environ 130 milliards d’euros, principalement de produits manufacturés et de denrées alimentaires. L’UE est également le plus grand investisseur dans l’économie russe et représente 75% de tous les investissements étrangers en Russie. [1]

    La Russie peut aussi exercer des représailles contre l’Occident et ses menaces de geler des avoirs d’individus et de sociétés russes en gelant les avoirs de sociétés et d’investisseurs occidentaux :

    En cas de sanctions économiques occidentales, les législateurs russes ont annoncé qu’ils adopteraient un projet de loi pour geler les avoirs des entreprises européennes et américaines qui opèrent en Russie. De l’autre côté, plus de 100 hommes d’affaires et hommes politiques russes sont prétendument visés par l’UE d’un gel de leurs avoirs européens.

    Outre Alexey Miller, chef de l’entreprise publique Gazprom, le PDG de Rosneft, Igor Setchine, est apparemment aussi sur la liste des sanctions. Rosneft est la plus grande compagnie pétrolière au monde et, en tant que tel, a des partenaires dans le monde entier, y compris en Occident. Par exemple, la société américaine Exxon-Mobil a un projet d’exploration de pétrole de 500 millions de dollars avec Rosneft en Sibérie, et Exxon-Mobil est déjà en partenariat avec le géant pétrolier russe pour exploiter les réserves de pétrole de la mer Noire. [2]

    La Russie a d’autres armes économiques à sa disposition pour infliger des dégâts aux économies américaine et européenne. Par exemple, en réaction aux menaces de gel des actifs par les Etats-Unis et ses alliés européens, la Russie a liquidé (fin Février et début Mars 2014) plus de 100 milliards de dollars d’avoirs en bons du Trésor américains.

    L’escalade de telles menaces imprudentes de geler les avoirs des gouvernements « hostiles » pourrait bien toucher la Chine, avec des conséquences désastreuses pour le dollar américain, puisque « La Chine détient environ 1,3 mille milliards de dollars en bons du Trésor américain et est le premier investisseur parmi les gouvernements étrangers ». [3]

    Ce degré élevé d’interconnexion économique et financière explique pourquoi – avec le soutien de Washington et l’accord de Moscou – les diplomates européens de Berlin et de Bruxelles se sont précipités à Kiev pour une Table Ronde de Discussions et pour ouvrir la voie à la pseudo élection présidentielle du 25 mai, donnant ainsi une légitimité au régime issu du coup d’Etat, et évitant la perspective d’une escalade mutuellement destructrice de sanctions économiques et/ou d’actions militaires.

     

    La comparaison avec l’Irak et la Libye

     

    Les changements de régime en Libye (2011) et en Irak (2003) au moyen d’interventions militaires tendent à étayer l’argument principal de cet essai selon lequel, dans le cadre des objectifs de changements de régime, les puissances impérialistes ne recourent à l’action militaire directe que lorsque

    a) les opérations militaires peuvent être contrôlées ou limitées dans le pays ciblé, et

    b) en absence d’alliés locaux importants ou puissants dans le pays ciblé, c’est-à-dire des forces oligarques riches liés aux marchés mondiaux et, par conséquent, à des forces externes de changement de régime.

    Kadhafi et Saddam gouvernaient avec un poing de fer, mais ils avaient maintenu de solides secteurs publics et des industries et services largement nationalisés. Cela est particulièrement vrai dans le cas des industries stratégiques comme l’énergie, la banque, les transports et les communications, ainsi que des services sociaux essentiels tels que la santé, l’éducation et les services publics.

    Ils l’ont fait non pas tant par conviction socialiste (même s’ils prétendaient parfois être les champions du « socialisme arabe »), mais parce que, dans leurs luttes antérieures contre les régimes rivaux d’aristocraties, ils ont appris que le contrôle des économies nationales par une gestion bureaucratique de l’État, avec un État-providence fort, était plus bénéfique à la stabilité et la continuité de leur domination que le développement de forces économiques débridées et/ou l’émergence de puissances industrielles et financières dans le secteur privé.

    Quelle que soit la motivation, le fait est que ni Saddam, ni Kadhafi n’ont toléré la montée d’élites financières puissantes avec des liens importants avec les marchés mondiaux ou les puissances occidentales. Sans surprise, dans ces deux pays, les figures de l’opposition et les forces qui ont collaboré avec les projets impérialistes de changement de régime étaient composés en grande partie soit des restes d’une époque royale et/ou tribale, soit de petits intellectuels expatriés et militaires déchus qui ont été forcés de vivre en exil.

    Contrairement aux élites financières en Ukraine, par exemple, les forces de l’opposition en Irak et en Libye n’avaient ni les moyens économiques pour financer les forces du changement de régime, ni une base sociale/soutien dans leur pays d’origine. Ils manquaient aussi des liens financiers et politiques forts et fiables avec les marchés occidentaux et les institutions politiques.

    Cela explique pourquoi les sanctions économiques et autres tactiques de « soft-power » (telles que la mobilisation, la formation et le financement de forces d’opposition) se sont avérées insuffisantes pour faire tomber les régimes de Saddam Hussein et Kadhafi et pourquoi l’impérialisme américain et ses alliés ont dû déployer le « hard-power » de l’action militaire/occupation pour atteindre cet objectif. En outre, comme mentionné plus haut, les puissances impériales interventionnistes étaient convaincus que (contrairement à l’Ukraine ou à l’Iran, par exemple) ces invasions militaires pouvaient être contrôlées et limitées à l’intérieur des frontières.

     

    Le cas de l’Iran

     

    La politique américaine de changement de régime en Iran ressemble davantage au modèle suivi en Ukraine qu’à celui suivi en Irak ou en Libye. Ceci est en grande partie due à (a) la crainte qu’une intervention militaire directe en Iran ne puisse pas être contrôlée ou limitée à ce seul pays, et (b) l’existence en Iran d’une oligarchie financière relativement bien développée et orientée vers l’Occident sur laquelle les États-Unis et ses alliés peuvent compter pour aboutir à une réforme et/ou un changement de régime de l’intérieur.

     


    Bien-sûr, ces deux méthodes ne sont pas exclusives : soit la puissance militaire, soit le « soft power ». Il s’agit plutôt d’une question de dosage entre l’une et l’autre, en fonction des circonstances spécifiques. En effet, le projet impérialiste envers l’Iran depuis la révolution de 1979 inclut un certain nombre de tactiques (souvent concurrentes). Elles vont de l’incitation et le soutien à Saddam Hussein pour envahir l’Iran (en 1980), à la formation et le financement d’organisations terroristes de déstabilisation anti-Iranniennes, les menaces militaires constantes, aux efforts visant à saboter l’élection présidentielle de 2009 par la soi-disant « révolution verte », et l’escalade systématique de sanctions économiques.

     

    Ayant échoué (pour l’instant) dans ces complots de « changement de régime » de l’extérieur, les États-Unis semblent avoir opté ces dernières années pour un changement de régime (ou réforme) de l’intérieur ; à savoir par la collaboration politique et économique avec les courants pro-occidentaux au sein des cercles dirigeants de l’Iran.

    Ce qui semble avoir fait changer d’avis les États-Unis et ses alliés est l’émergence en Iran d’une classe capitaliste ambitieuse dont la priorité principale semble être de faire des affaires avec leurs homologues de l’Ouest. Ce sont en grande partie des oligarques iraniens riches qui sont littéralement là pour faire du business, pour ainsi dire ; pour eux, des questions telles que la technologie nucléaire ou la souveraineté nationale sont d’une importance secondaire.

    Après s’être méthodiquement (et souvent scandaleusement) enrichis à l’ombre du secteur public de l’économie iranienne, ou en vertu des postes politiques/bureaucratiques qu’ils occupaient (ou occupent encore) dans l’appareil d’état, ces gens ont désormais perdu tout appétit pour des mesures économiques radicales nécessaires à l’autosuffisance économique afin de résister ou supporter le poids des sanctions économiques brutales. Au lieu, ils sont maintenant pressés de conclure des affaires et d’investir avec leurs alliés de classe transnationaux à l’étranger.

    Plus que tout autre couche sociale, le président Hassan Rouhani et son administration représentent les intérêts et les aspirations de cette classe montante capitaliste-financière en Iran. Les représentants de cette classe détiennent le pouvoir économique et politique principalement par la très influente Chambre Iranienne de commerce, d’industrie, des mines et de l’agriculture (ICCIMA).

    Les affinités idéologiques et/ou philosophiques entre le président Rouhani et les gens de pouvoir au sein de l’ICCIMA se reflètent dans le fait que, immédiatement après son élection, le président a nommé l’ancien chef de la Chambre de Commerce, Mohammad Nahavandian, un économiste néo-libéral éduqué aux Etats-Unis, et un conseiller de l’ancien président Hashemi Rafsanjani, comme son chef de cabinet.

    C’est grâce à la Chambre de Commerce d’Iran qu’en Septembre 2013, une délégation économique iranienne a accompagné le président Rouhani à l’Organisation des Nations Unies à New York pour négocier des affaires/investissements potentiels avec leurs homologues américains. La Chambre de commerce d’Iran a également organisé un certain nombre de délégations économiques qui ont accompagné le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, en l’Europe pour des objectifs similaires.

    De nombreux observateurs des relations américano-iraniennes ont tendance à penser que le dialogue diplomatique récemment lancé entre les deux pays, y compris des contacts réguliers dans le cadre des négociations nucléaires, a commencé avec l’élection du président Rouhani. Cependant, les faits montrent que les contacts en coulisse entre les représentants des élites financières dans et autour des gouvernements américain et iranien ont commencé bien avant l’élection de Rouhani. Par exemple, un article relativement bien documenté du Wall Street Journal a récemment révélé que :

    Selon des fonctionnaires européens informés sur cette affaire, de hauts fonctionnaires du Conseil national de sécurité (US) avaient commencé à semer les graines d’une telle rencontre plusieurs mois auparavant – par une série de réunions secrètes et de conversations téléphoniques et l’implication de tout un assortiment de monarques arabes, d’exilés iraniens et d’anciens diplomates américains pour transporter clandestinement des messages entre Washington et Téhéran. [4]

    L’article, qui montre comment le « réseau de communications complexe a contribué à propulser le récent rapprochement entre les États-Unis et l’Iran », révèle que les réunions, souvent tenues en secret, « se sont déroulées en Europe, principalement dans la capitale suédoise de Stockholm ». En passant par des voies diplomatiques internationales telles que l’Asia Society, l’Association des Nations Unies et du Council on Foreign Relations, « Les parties américaines et iraniennes se sont réunies dans des hôtels et des salles de conférence, à la recherche de formules pour désamorcer la crise sur le programme nucléaire de l’Iran et empêcher la guerre », souligne l’article. Les auteurs, Jay Solomon et Carol E Lee, ont également écrit :

    L’Asia Society et le Council on Foreign Relation, non gouvernementale, ont organisé des tables rondes pour MM Rouhani et Zarif en marge de la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies en Septembre. Les deux hommes s’en sont servies pour expliquer les plans de Téhéran à des hommes d’affaires, anciens responsables gouvernementaux, universitaires et journalistes américains.

    Obama a personnellement fait un geste envers Rouhani l’été dernier, peu après l’élection de Rouhani. Le président américain a écrit une lettre au nouveau président iranien, soulignant la volonté de Washington de régler pacifiquement le différend nucléaire. Rouhani a répondu en termes similaires.

    Zarif, quant à lui, a renoué avec les responsables de la politique étrangère américaine de premier plan qu’il avait rencontrés lorsqu’il était ambassadeur de l’Iran à l’ONU dans les années 2000.

    Mme [Suzanne] DiMaggio de l’Asia Society dit qu’elle était parmi ceux à New York qui ont contacté Zarif peu après sa nomination au gouvernement de Rouhani. Vétéran de contacts informels entre les responsables iraniens et américains, elle a tenu de nombreuses réunions au cours des dix dernières années avec ce diplomate éduqué aux Etats-Unis sur les moyens de sortir de l’impasse nucléaire. [5]

    Cela explique pourquoi le président Rouhani (et son cercle de conseillers pro-occidentaux) ont choisi Zarif comme ministre des Affaires étrangères, et pourquoi ils ont, peut-être imprudemment, placé tous leurs espoirs d’une reprise économique en Iran sur le rapprochement politique et économique avec l’Occident, c’est-à-dire sur le libre-échange et les investissements des États-Unis et d’autres grands pays capitalistes.

    (Soit dit en passant, ceci explique aussi pourquoi l’équipe des négociateurs nucléaires du président Rouhani a été, bon gré mal gré, condamné à une position de faiblesse dans leurs négociations avec le groupe de pays P5 +1, et pourquoi les négociateurs iraniens ont renoncé à autant en échange de si peu.)

     

    Conclusion et implications

     

    Alors que les puissants bénéficiaires des guerres et dépenses militaires – les grandes banques (comme principaux bailleurs de fonds des gouvernements) et le complexe militaro-industriel sécuritaire – se développent sur les guerres et les tensions internationales, ils ont néanmoins tendance à préférer les guerres locales, nationales, limitées, ou « gérables » aux grandes guerres régionales ou mondiales qui, dans un mode cataclysmique, pourraient totalement paralyser les marchés mondiaux.

     

    Ce qui explique en partie pourquoi, dans les cas de changement de régime en Irak et la Libye, par exemple, les États-Unis et leurs alliés ont opté pour une action militaire/occupation directe ; alors que dans des cas comme l’Ukraine et l’Iran ils ont (pour l’instant) évité une intervention militaire directe et comptent, au contraire, sur la tactique « soft-power » et révolutions de différentes couleurs.

    Comme indiqué plus haut, ceci est largement du, d’une part, à la crainte qu’une guerre et intervention militaire en Ukraine ou en Iran puisse échapper à tout « contrôle » ; et d’autre part, à l’existence d’élites financières pro-occidentales suffisamment fortes et influentes en Iran et en Ukraine à qui on pourrait faire appel pour provoquer un changement de régime de l’intérieur, sans risquer une guerre catastrophique mondiale qui pourrait détruire avec tout le reste la fortune de la classe capitaliste transnationale.

     

    Les pouvoirs interventionnistes ont pratiquement toujours appliqué la vieille tactique de diviser pour régner. Ce qui est relativement nouveau ici, c’est qu’en plus de l’emploi traditionnel de cette tactique (qui passe souvent par des questions controversées telles que la nationalité, l’origine ethnique, la race, la religion, etc), les exemples récents montrent qu’elle s’appuie de plus en plus sur les divisions de classe.

     

    Le calcul semble être le suivant : lorsqu’un pays comme l’Iran ou l’Ukraine peut être divisé à travers des lignes de classe, et que des alliances peuvent être nouées avec les oligarchies riches des pays ciblés, pourquoi se lancer dans une attaque militaire qui pourrait d’une manière indiscriminée toucher aussi à nos propres intérêts et ceux de nos alliés locaux en même temps que ceux de nos ennemis ?

     

    Lorsque des sanctions économiques ainsi que des alliances et des collaborations avec les oligarques locaux et économiquement puissants peuvent être utilisées pour réaliser des « coups d’etat démocratiques » ou une révolution de couleur quelconque (souvent par le biais d’élections bidons), pourquoi risquer une attaque militaire aveugle aux conséquences incertaines et potentiellement catastrophiques ?

     

    Cela montre (entre autres choses) comment les politiques impériales d’agression ont évolué au fil du temps – des premiers stades de l’occupation militaire « brute » de l’époque coloniale aux tactiques modernes d’intervention, subtiles et furtives, sur plusieurs fronts. A la lumière des récentes aventures de la politique étrangère des États-Unis, on peut dire l’ancien modèle d’agression ouvertement impérialiste trouvait ses faveurs dans la politique étrangère militariste sans vergogne du président George W. Bush, alors que le nouveau modèle, insidieusement « sophistiqué » et furtif, est préféré par le président Barack Obama.

     

    Alors que les champions de la faction ouvertement militariste de l’élite dirigeante des Etats-Unis critiquent Obama comme un président « frileux » ou « faible », le fait est que sa politique relativement discrète mais sournoise qui consiste à bâtir méthodiquement des coalitions – à la fois avec les alliés traditionnels des États-Unis et les forces oligarchiques ou compradores des pays ciblés – s’est révélée plus efficace (en termes de changement de régime) que la politique d’actions militaires unilatérales à la Bush-Dick Cheney.

     

    Ceci n’est ni de la spéculation, ni simplement de la théorie : le Secrétaire d’Etat John Kerry l’a récemment clairement formulé dans le contexte de la politique de l’administration Obama envers l’Ukraine et l’Iran. Lorsque Gwen Ifill, sur la chaîne de télévision PBS, lui a demandé, le 30 mai 2014 :

    « Selon vous, est-ce que le président s’attire des critiques parce qu’il est faible ou parce que sa politique paraît moins spectaculaire ? », Kerry a répondu :

    « Franchement, je pense qu’on n’accorde pas assez de crédit au Président pour les succès obtenus en ce moment …. Je veux dire, si vous regardez ce qui s’est passé en Ukraine, le président a mené un effort pour essayer de l’unité entre l’Europe et les États-Unis, pour imposer des sanctions difficiles. L’Europe n’était pas enthousiaste mais elle a suivi malgré tout. C’était du leadership. Et le président a réussi, avec les Européens, à obtenir un effet à terme sur les choix qui se présentent au président Poutine.

    « En outre, le président a renoué avec l’Iran. Nous étions dans une logique d’affrontement frontal où ils construisaient un système nucléaire auquel le monde entier est opposé. Mais le président a mis en place une série de sanctions qui ont


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