• Accuser de complotisme, nouvelle arme journalistique de destruction massive

     
     
    Jeudi 18 décembre 2014

     

    Le blog d' Eva, R-sistons à l'intolérable

     

    La vérité contre le mensonge

    Par Chantal Dupille

    Le pouvoir appartient à quelques-uns.

    Les pays et les peuples doivent être soumis.

    Gare aux hommes libres, gare aux pays indépendants ! S'ils ne rentrent pas dans le rang, ils sont discrédités, censurés, diffamés, "black-listés", voire éliminés... Par une énorme inversion des rôles, les journalistes honnêtes ou les dissidents sont traités de "conspirationnistes" pour que leurs analyses lucides ne soient pas prises en cosidération. En mettant en place mon premier blog, R-sistons à l'intolérable (au départ contre la désinformation, blog aujourd'hui non alimenté), je savais que la source du malheur des peuples plongeait ses racines dans les médias, pouvoir suprême de manipulation donc d'asservissement. Ainsi, si l'on en croit les presstitués, nous devons "réformer", "moderniser" - comprenez, renoncer à tout ce que nos aïeux ont conquis souvent de haute lutte afin d'améliorer notre niveau de vie : Juste pour rembourser une dette de papier virtuelle, inique, frauduleuse ! Et tout le monde accepte cette escroquerie monumentale ?

    Ceux qui savent, intellectuels, journalistes ou simplement individus ayant une conscience, ont le devoir de braver les diffameurs, les menteurs, les persécuteurs, les voyous peuplant tous les centres de pouvoir ou de désinformation ! Le sayan Valls déplorait que les intellectuels ne se lèvent pas pour défendre les "victimes de l'antisémitisme", en oubliant par exemple toutes les victimes de l'islamophobie, ou plus généralement, toutes les victimes des mensonges des médias et des politiques mises en place par des Macron-Rothschild pour le seul profit d'une toute petite minorité cupide, égoïste, arrogante et prédatrice.

    Oui nous avons le devoir de traquer les mensonges partout où ils prospèrent, de dénoncer les "complots" partout où ils germent, de crier haut et fort la vérité qui libère ! Pour ne pas être anéantis par les Merlin l'enchanteur peuplant les meRdias, les Centres de pouvoir, anesthésiant tout esprit légitime de résistance à l'intolérable.

     

    La plus grande menace pesant sur nos vies, c'est le mensonge, source de tous nos maux !

     

    Chantal Dupille

     

     

    conspiration-arme-destruction-UPR.jpg

    Complotisme et coca cola

     

     

      Ci dessous un montage vidéo dont la qualité informative est très  intéressante. C'est un assemblage de séquences où apparaissent des personnages politiques divers...  François Asselineau (président de l'UPR , parti affichant clairement ses objectifs: sortir de l'OTAN, sortir de l'Euro, sortir de l'Europe ) , Deniaud, Chevènement, le vice président de la BEI, MFrance Garaud, Onfray, Quatremer..
    Félicitations
    à l'artisan de cette compilation d'extraits vidéos pour mettre en évidence, par la conjonction des analyses évoquées, les  manipulation de propagande  atlantiste-européiste des sauveurs de la "démocratie" sauce ketchup.

     

    La-derniere-des-Andrews-Sisters-vous-sal

     



    Mais avant , pour la petite histoire , sourions à cette manipulation - décoiffante- de l'AFP à propos d'une rencontre Chavez- Ahmadinejad, aux alentours de janvier 2010 (notons qu'aucun communiqué de presse "libre" ou "nouveaux chiens de garde" (un documentaire édifiant: suivez le lien)   n'a fait démenti cette "plaisanterie" diffusée largement .
    Etonnons nous de cette confession  récente de ce journaliste - Udo Ulfkotte -  d'une grande presse allemande , dont le livre récemment paru, remporte un succès remarquable.
    Ne cachons pas notre surprise en apprenant qu'il semble bien que les presses occidentales sont "aiguillées" par des instances outre-atlantiques , pour fournir - par exemple- un modèle d'argumentaire anti russe, pendant la campagne pour convaincre les états de l'UE de soutenir les sanctions à la Russie, décrétées par les USA...

     

    Et puis, pour clore ce préambule, n'hésitons pas à applaudir la lucidité de Charles de Gaulle, sur les journalistes (De Gaulle tome 1 par Alain Peyrefitte) :

     

    Extrait:
    "Si le Figaro ou l'imMonde me soutenait, je considérerais que c'est une catastrophe nationale"
    Salon doré ,16 janvier 1963
    Le général me répète, avec encore plus d'énergie, ce qu'il m'a dit déjà plusieurs fois au sujet des journalistes : « Peyrefitte, je vous supplie de ne pas traiter les journalistes avec trop de considération. Quand une difficulté surgit, il faut absolument que cette faune prenne le parti de l'étranger, contre le parti de la nation dont ils se prétendent pourtant les porte-parole. Impossible d'imaginer une pareille bassesse – et en même temps une pareille inconscience de bassesse.
    « Nos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d'avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n'importe quel abaissement de la nation. Déjà en 1940, elle était derrière Pékin, car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national. Quel émerveillement ! Pétain était un grand homme. Pas besoin d'austérité ni d'effort ! Pétain avait trouvé l'arrangement.
    Tout allait se combiner à merveille avec les Allemands. Les bonnes affaires allaient reprendre.
    « Bien bien entendu, cela représente 5 % de la nation, mais 5 % qui ,jusqu'à moi, ont dominé. La révolution française n'a pas appelé au pouvoir le peuple français, mais certains artificiels que la bourgeoisie. Cette place qui se fait de plus en plus abâtardie, jusqu'à devenir traîtresse à son propre pays. Bien entendu, le populo ne partage pas du tout ce sentiment. Le populo à des réflexes cinq. Le populo sent où est l'intérêt du pays. Il ne s'y trompe pas souvent.
    « En réalité, il y a de bourgeoisie. La bourgeoisie d'argent, celle qui lie le Figaro, et la bourgeoisie intellectuelle, qui lit Le Monde. Les deux font la paire. Elles s'entendent pour se partager le pouvoir.
    « Cela m'est complètement égal que vos journalistes soient contre moi. Ça m'ennuierait même qu'il ne soit pas. J'en serais navré, vous m'entendez ! Le jour où le Figaro et l'Immonde me soutiendrait, je considérerai que c'est une catastrophe nationale!

    "Les Américains se sont infiltrés dans tous les organes de propagande"
    A.P. -si nos porte-plumes se veulent frondeur, c'est sans doute qu'ils répondent à l'attente de leur public ? Notre tempérament national nous porte à la critique.
    G.d.G. - mais non ! Ce n'est pas un phénomène seulement français. C'est la même chose dans d'autres pays. En Allemagne, par exemple, la presse est également déchaînée. Adenauer m'a raconté qu'il y avait une agence de presse très puissante, en Allemagne, qui ne faisait que distribuer des articles ou des nouvelles rédigées par les Anglais, de manière à favoriser les intérêts anglais. Au cours de mon voyage, en septembre, le peuple allemand était soulevé l'enthousiasme, mais après c'est contre moi, parce que c'était le mot d'ordre des Anglo-Saxons. L'Allemagne est une mauvaise constitution. Elle donne pouvoir aux appareils des partis. Elle a été fabriquée par les Anglais et les Américains. Elle interdit le référendum. C'est-à-dire que le peuple est mis hors circuit.
    « c'est la même chose partout. Les Américains se sont infiltrés dans tous les organes de propagande et dans les partis. Ils ont noyauté les structures politiques. Seul le peuple encore des réflexes. En tout cas je ne veux plus de journalistes accrédités à l'Élysée »

     

    Voyons donc cette vidéo

    ...petit état des lieux de ces derniers temps, avec Asselineau, Deniaud, Chevènement, le vice président de la BEI, MFrance Garaud, Onfray, Quatremer.. (vidéo, voir plus bas)

     

    http://blogs.mediapart.fr/blog/jocegaly/181214/complotisme-et-coca-cola

     

     

     

    LA TELEVISION : le JT de la RTBF et de RTL-TVI ou comment générer un électro-encéphalogramme plat chez les citoyens ?

    Vous avez dit complotiste ?

    par Geronimo Guu Ji Ya (son site)
    lundi 15 décembre 2014

     

    L'arme préférée des euro-atlantistes ? Ne jamais répondre sur les faits irréfutables présentés et se contenter de ricaner aussitôt en affirmant qu'il s’agirait d’une « théorie du complot ». La dénonciation de la "théorie du complot" est donc devenue dans l'espace médiatique une arme de destruction massive de toute discussion rationnelle.

    Leur accusation est un procédé fascisant par excellence, puisque les euro-atlantistes refusent toute discussion rationnelle fondée sur des données que tout le monde peut vérifier et qu'ils tablent grossièrement sur l'ignorance et

    l'intimidation pour couper court à toute réflexion. Leur objectif est l'aliénation complète à Washington et aux grands groupes économiques et financiers, ce qui implique la destruction de notre souveraineté, de notre niveau de vie, de notre unité nationale et de notre démocratie.

     

    EN 17 MINUTES CHRONO, DÉCOUVREZ À QUEL POINT LE RÔLE CENTRAL DES ÉTATS-UNIS DANS LA « CONSTRUCTION EUROPÉENNE » EST UN FAIT AVÉRÉ QUI N'A RIEN À VOIR AVEC DU « COMPLOTISME ».

     

     

     

     

    http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/vous-avez-dit-complotiste-48016

    .

    .

    hitlergeorge

     

    Le duc et la duchesse de Windsor en 1937 avec Adolf Hitler.

     

    Jacques Pauwels n’est pas le genre d’historien dont on entend souvent parler dans les médias traditionnels. Il n’est évidemment pas le genre d’« expert » auxquels ils se réfèrent pour vérifier des faits historiques. L’exclusion des événements d’actualité de leur contexte historique constitue en fait un aspect crucial de la propagande médiatique.

    Écouter Jacques Pauwels nous fait comprendre d’une part l’ampleur des mensonges dont on nous a gavés sur la Seconde Guerre mondiale, le fascisme et la démocratie, et, d’autre part, comment les mythes liés aux guerres précédentes doivent être entretenus dans le discours dominant afin de satisfaire les besoins d’une incessante propagande de guerre.

    Lors d’une conférence le 15 décembre à Montréal, il a expliqué que les Première et Seconde Guerres mondiales avaient essentiellement pour but de d’écraser les mouvements révolutionnaires des masses.

     

    Le mythe de la bonne guerre

     

    Chaque fois qu’il est nécessaire d’obtenir l’approbation des Occidentaux pour une guerre, le mythe de la bonne guerre refait surface : la Seconde Guerre mondiale était une bonne guerre, nécessaire pour étancher la soif de sang d’Hitler. Pauwels détruit ce mythe et révéle la nature brutale de l’élite occidentale.

    Les raisons de l’implication américaine dans la Seconde Guerre mondiale résident dans les conditions socio-économiques de l’époque, non pas dans un élan de compassion destiné à sauver l’humanité du fascisme. En réalité, l’élite des États-Unis était en faveur du fascisme, un outil très pratique pour écraser le mouvement révolutionnaire de masse incarné par la Révolution russe et l’URSS.

    La Seconde Guerre mondiale n’était qu’une continuité de la Première Guerre mondiale. « On nous a toujours dit que la Première Guerre mondiale a commencé avec l’assassinat de l’archiduc Franz Ferdinand, mais ce n’est pas vrai », explique Pauwels. Il s’agit en effet d’un mythe bien établi perpétué par diverses sources d’information, que l’histoire soit écrite par des experts comme c’est le cas dans l’Encyclopédie Larousse, ou par un peu n’importe qui, comme dans Wikipedia :

     

    Le déclenchement de la guerre

    La cause plus immédiate – qui déclenche le conflit par l’enchaînement des alliances – est l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche et de son épouse par un nationaliste serbe de Bosnie le 28 juin 1914. (Première Guerre mondiale , Larousse)

    L’étincelle qui provoqua la guerre survint le 28 juin 1914, lorsqu’un jeune nationaliste serbe de Bosnie, Gavrilo Princip, parvint à assassiner l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois, et son épouse. Les exigences de vengeance de l’Autriche-Hongrie (fortement encouragée par l’Allemagne) à l’encontre du Royaume de Serbie menèrent à l’activation d’une série d’alliances qui obligèrent plusieurs puissances européennes à s’engager sur la voie de la guerre. Plusieurs de ces nations étaient à la tête d’empires s’étendant sur plusieurs continents, ce qui explique la portée mondiale du conflit. (Première Guerre mondiale, Wikipedia)

    Les deux guerres mondiales ont deux dimensions : la dimension verticale, à savoir la rivalité entre les empires, et la dimension horizontale, la lutte des classes, explique Pauwels.

    Ces guerres étaient le meilleur moyen pour l’élite occidentale de faire face à la croissance des mouvements révolutionnaires et démocratiques, alimentés par des conditions économiques désastreuses et menaçant l’ordre établi.

    Pauwels raconte que selon Nietzsche par exemple, « la guerre était la solution contre la révolution, car, dans une guerre, il n’y a pas de discussions, comme c’est le cas en démocratie. Dans une guerre, la minorité, l’élite, décide et la majorité, les prolétaires, obéissent. »

    Pour les membres de l’élite comme Malthus, « le système ne pouvait pas être la cause de la pauvreté, car l’élite en profitait. La cause de la pauvreté, c’était les pauvres : il y en avait trop. Par conséquent, la solution à la pauvreté et à la menace des mouvements révolutionnaires était tout simplement d’éliminer les pauvres et quelle meilleure solution que la guerre pour tuer des pauvres? »

    Après la Première Guerre mondiale cependant, « la révolution n’était plus une simple idée, elle était devenue quelque chose de concret : l’Union soviétique.  Le fascisme est alors venu à la rescousse. « Le fascisme était l’instrument de l’élite pour atteindre les objectifs de 1914, à savoir mettre un terme aux révolutions et au communisme. »

    Le communisme et le socialisme ont gagné du terrain dans le monde entier après la Première Guerre mondiale. « L’élite industrielle et financière allemande voulait écraser le mouvement révolutionnaire et détruire l’Union soviétique. Adolf Hitler était leur outil pour y parvenir. »

    Selon la croyance populaire, les dirigeants occidentaux se sont portés à la défense de la démocratie, se sont engagés dans une guerre contre l’Allemagne pour sauver l’humanité du fascisme, et c’est l’implication des États-Unis dans la guerre qui a mené à la chute de la machine de guerre hitlérienne. Rien de plus faux. « Hitler a été soutenu par d’autres pays européens et les États-Unis parce qu’ils voulaient qu’il détruise l’URSS, le berceau de la révolution. » C’est exactement le contraire qui s’est produit : c’est l’URSS qui a vaincu l’Allemagne nazie, perdant plus de 20 millions d’âmes dans la bataille.

    Les États-Unis ont même recruté les services des meilleurs scientifiques, techniciens et ingénieurs nazis après la guerre. Cette facette de l’histoire appelée Opération Paperclip (photo ci-dessous) n’a pas encore trouvé sa place dans l’encyclopédie Larousse.

    « La Seconde Guerre mondiale, c’est la victoire de l’impérialisme américain », un terme rarement utilisé aujourd’hui, même si c’est celui qui décrit le mieux la réalité que le monde connait depuis.

    Ce qu’il y a de plus surprenant cependant, est la survie du mythe voulant que nous allions à la guerre pour sauver le monde de méchants dictateurs ou de terroristes et que le monde occidental se bat pour la liberté et la démocratie. Grâce aux « sténographes du pouvoir », la tromperie fonctionne encore et ce mensonge est toujours utilisé plusieurs décennies plus tard.

    Julie Lévesque

    Journaliste

    Visitez le site web de Jacques Pauwels au http://www.jacquespauwels.net/about/. Ses articles et ses livres sont disponibles en plusieurs langues. Voir aussi les articles de Jacques Pauwels sur Mondialisation.ca

    Article publié initialement en anglais: Fascism and War: Elite Tools to Crush and Kill Dissent

     

    A lire aussi.....

    .
    .
    .

    .

    Étienne Chouard: "Les 99% doivent chercher les complots et les dénoncer"

    "On n'est pas fasciste car on s'en prend aux banques et aux complots, c'est tout le contraire".

    https://www.youtube.com/watch?v=WlVYUdypoHE&feature=youtu.be


    Lors de cet entretien, il conseille quelques lectures. En voici les références:
    ► "LES IMPOSTEURS DE L'ÉCONOMIE" de Laurent Mauduit.
    ► "L'IMPOSTURE ÉCONOMIQUE" de Steve Keen.
    ► "MARAT" de Jean Massin.
    ► "LES CHAÎNES DE L'ESCLAVAGE" de Marat.

    Pour en savoir plus sur Étienne Chouard: http://etienne.chouard.free.fr/Europe...

     

    .

    La guerre par les médias et le triomphe de la propagande

    Publié par Gilles Munier sur 20 Décembre 2014, 15:49pm

    Catégories : #Medias

    La guerre par les médias et le triomphe de la propagande

    Par John Pilger (revue de presse : Investig’Action- 8/12/14)*

     

    Pourquoi tant de journalisme a-t-il succombé à la propagande ? Pourquoi la censure et la distorsion sont-elles la pratique standard ? Pourquoi la BBC est-elle si souvent un porte-parole d’un pouvoir rapace ? Pourquoi le New York Times et le Washington Post trompent-ils leurs lecteurs ? Pourquoi n’enseigne-t-on pas aux jeunes journalistes à comprendre les programmes des médias et à contester la haute prétention et le faible objectif d’une objectivité truquée ? Et pourquoi ne leur enseigne-t-on pas que l’essence de beaucoup de ce qu’on appelle les médias dominants n’est pas de l’information, mais du pouvoir ?

     

    Ce sont des questions urgentes. Le monde est confronté à la perspective d’une guerre majeure, peut-être d’une guerre nucléaire – avec les Etats-Unis clairement déterminés à isoler et à provoquer la Russie et éventuellement la Chine. Cette vérité est tournée sens dessus dessous et à l’intérieur et à l’extérieur par des journalistes, y compris ceux qui ont favorisé les mensonges qui ont conduit au bain de sang en Irak en 2003.

     

    La période que nous vivons est si dangereuse et si faussée dans la perception publique que la propagande n’est plus, comme l’appelait Edward Bernays, « un gouvernement invisible ». C’est le gouvernement. Il règne directement sans crainte de contradictions et son but principal est de nous conquérir : notre sens du monde, notre capacité de séparer la vérité des mensonges.

     

    La période de l’information est en réalité, une période de médias. On a la guerre par les médias ; la censure par les médias ; la diabolisation par les médias ; le châtiment par les médias ; les distractions par les médias – une chaîne de montage surréaliste de clichés dociles et de fausses suppositions.

     

    Ce pouvoir de créer une nouvelle « réalité » est en construction depuis longtemps. Il y a 45 ans, un livre intitulé The Greening of America (La prise de conscience écologique de l’Amérique) avait fait sensation. Sur la couverture, ces mots : « Une révolution est en route. Elle ne sera pas comme les révolutions du passé. Elle tirera son origine l’individu. ».

     

    J’étais un correspondant aux Etats-Unis à cette époque et je me souviens de l’élévation d’un jour à l’autre au statut de gourou de l’auteur, un jeune universitaire de Yale, Charles Reich. Son message était que dire la vérité et l’action politique avaient échoué et que seule « la culture » et l’introspection pouvaient changer le monde.

     

    En quelques années, poussé par les forces du profit, le culte du « moi-isme » avait presque écrasé notre sens d’agir ensemble, notre sens de justice sociale et l’internationalisme. La classe, le genre et la race étaient séparés. Le personnel était la politique, et les médias étaient le message.

     

    A la suite de la Guerre froide, la fabrication de nouvelles « menaces » a complété la désorientation politique de ceux, qui vingt ans plus tôt, auraient formé une opposition véhémente.

     

    En 2003, j’ai filmé une interview à Washington avec Charles Lewis, le distingué journaliste d’investigation américain. Nous avons discuté de l’invasion de l’Irak, quelques mois plus tôt. Je lui ai demandé, « Que se serait-il passé si le média le plus libre dans le monde avait sérieusement contesté George Bush et Donald Rumsfeld et avaient vérifié leurs déclarations, au lieu de transférer ce qui s’est révélé comme de la propagande pure ? » Il a répliqué que si nous, les journalistes avions fait notre boulot « Il y a une très, très grande chance qu’on ne serait pas parti en guerre en Irak. » C’est une déclaration épouvantable, et qui est soutenue par d’autres journalistes fameux à qui j’ai posé la même question. Dan Rather, David Rose anciennement de l’Observer et des journalistes et des producteurs importants de CBS, m’ont fait la même réponse. A la BBC, ceux qui souhaitaient rester anonymes, m’ont fait la même réponse.

     

    En d’autres mots, si les journalistes avaient fait leur boulot, s’ils avaient interrogé et investigué la propagande au lieu de l’amplifier, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants pourraient être en vie aujourd’hui ; et des millions n’auraient pas fui leur maison ; la guerre sectaire entre Sunnites et Chiites pourrait n’avoir jamais été allumée, et l’infâme Etat islamique ne pas exister maintenant.

     

    Même maintenant, malgré les millions qui sont descendus dans la rue pour protester, la plupart des gens dans les pays occidentaux n’ont qu’une petite idée de l’envergure des crimes commis par nos gouvernements en Irak. Encore moins sont conscients que pendant les 12 ans avant l’invasion, les gouvernements US et britannique avait mis en place une motion d’holocauste en refusant aux populations civiles de l’Irak les moyens d’existence. Tels sont les mots d’un représentant britannique important responsable pour les sanctions en Irak dans les années 1990 – un siège moyenâgeux qui a causé la mort d’un demi million d’enfants de moins de cinq ans, rapporté par l’UNICEF. Le nom du représentant est Carne Ross. Au bureau des Affaires étrangères à Londres, il était connu comme “Mr Irak”. Aujourd’hui il conte la vérité sur comment les gouvernements trompent et comment les journalistes répandent de plein gré la duperie. « Nous alimentions les journalistes de renseignements apparemment factuels ou expurgés, » m’a-t-il dit, « sinon on les excluaient. »

     

    Le principal « whistleblower” pendant cette terrible période de silence était Denis Halliday. A ce moment-là, assistant du Secrétaire général des Nations Unies et une autorité supérieure de l’ONU en Irak, Denis Halliday a démissionné au lieu d’appliquer une politique qu’il a décrit comme génocidaire. Il estime que les sanctions ont tué plus d’un millions d’Irakiens. Ce qui est arrivé alors à Halliday était instructif. Il a été vaporisé. Ou il a été diffamé. Sur le programme d’information de nuit de la BBC, le présentateur Jeremy Paxman lui a crié : « « N’êtes-vous pas simplement un apologiste pour Saddam Hussein ? ». Le Guardian a récemment décrit ceci comme un des « moments mémorables » de Paxman. La semaine dernière Paxman a signé un accord de £1 million pour un livre.

     

    Les servantes de la répression ont bien fait leur travail. Considérez les résultats.

    En 2013, un sondage ComRes a trouvé qu’une majorité du public britannique croyait que le taux de victimes en Irak était inférieur à 10.000 – une petite fraction de la vérité. Une traînée de sang qui va de l’Irak à Londres a été nettoyée presqu’à fond.

    On dit que Rupert Murdoch est le parrain de la clique médiatique, et personne ne devrait douter de l’augmentation de pouvoir de ses journaux – tous ses 127 journaux, avec une circulation combinée de 40 millions, et son réseau Fox. Mais l’influence de l’empire de Murdoch n’est pas plus grande que son reflet dans le reste des médias.

     

    La propagande la plus effective est trouvée non pas dans le Sun ou sur Fox News – mais sous une auréole libérale. Quand le New York Times a publié des déclarations que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive, on a cru ce faux témoignage parce que ce n’était pas Fox News ; c’était le New York Times. La même chose est vraie pour le Washington Post et the Guardian, qui ont tous deux joué un rôle critique en conditionnant leurs lecteurs à accepter une guerre froide nouvelle et dangereuse. Les trois journaux libéraux ont déformé les événements en Ukraine comme un acte pernicieux de la Russie – quand, en fait, le coup dirigé par des fascistes en Ukraine, était le travail des Etats-Unis, aidés par l’Allemagne et l’OTAN. L’inversion de la réalité est tellement omniprésente que l’encerclement militaire et l’intimidation de la Russie par Washington ne sont même pas contestés. Ce ne sont mêmes pas des nouvelles, mais dissimulée derrière une campagne de diffamation ou pour faire peur, du genre de celle avec laquelle j’ai grandis pendant la guerre froide. Une fois de plus l’empire mauvais s’amène pour nous avoir, dirigé par un autre Staline ou un nouvel Hitler. Nommez votre démon et allez à fond la caisse. La dissimulation de la vérité sur l’Ukraine est un des black-out le plus complet dont je puisse me souvenir. La plus grande construction militaire occidentale dans le Caucase et l’Europe de l’Est depuis la Seconde guerre mondiale est effacée. L’aide secrète de Washington à Kiev et à ses brigades néo-nazis responsables de crimes de guerre contre la population d’Ukraine de l’Est est effacée. Des preuves qui contredisent la propagande que la Russie était responsable du tir contre un avion de ligne malais sont effacées. Et de nouveau, des médias supposés libéraux sont les censeurs. Ne citant pas de faits, pas de preuves, un seul journaliste a identifié un dirigeant pro-russe en Ukraine comme l’homme qui a tiré sur l’avion de ligne et l’a abattu. Cet homme, a-t-il écrit, est connu comme le Démon. C’était un homme effrayant qui avait fait peur au journaliste. C’était la preuve.

     

    Beaucoup de médias occidentaux ont fort travaillé pour présenter la population ethnique russe d’Ukraine comme des étrangers dans leur propre pays, presque jamais comme des Ukrainiens cherchant une fédération à l’intérieur de l’Ukraine et comme des citoyens ukrainiens résistant contre un coup orchestré par l’étranger contre leur gouvernement élu.

     

    Ce que le Président russe a à dire n’a aucune importance ; c’est un pantomime de scélérat dont on peut abuser en toute impunité. Un général américain qui dirige l’OTAN et sort directement de Dr. Strangelove - un Général Breedlove – parle systématiquement d’invasions russes sans l’ombre d’une évidence visuelle. Sa personnalisation avec le Général Jack D. Ripper de Stanley Kubrick est le comble de la perfection. Quarante mille Russes sont massés à la frontière, d’après Breedlove. Cela a été suffisant pour le New York Times, the Washington Post et l’Observer – ce dernier s’étant déjà précédemment distingué lui-même avec des mensonges et des fabrications qui soutenaient l’invasion de l’Irak par Blair, comme l’a révélé son ancien journaliste, David Rose.

     

    C’est presque le jeu d’esprit d’une réunion de classe. Les batteurs de tambour du Washington Post sont exactement les mêmes écrivains d’éditoriaux qui avaient déclaré que les armes de destruction massive de Saddam étaient « des faits vérifiés ».

     

    « Si on se demande, » a écrit Robert Parry, « comment le monde pourrait trébucher dans la Troisième guerre mondiale – en grande partie comme il l’a fait pour la Première guerre mondiale, il y a cent ans – tout ce qu’on a à faire est de regarder la folie qui a enveloppé virtuellement l’entière structure politique/médiatique US au sujet de l’Ukraine où un faux récit de casquettes blanches contre des casquettes noires a été saisi tôt et s’est avéré imperméable aux faits ou à la raison. » Parry, le journaliste qui a révélé l’Iran-Contra, est un des rares qui enquête sur le rôle central des médias dans ce « jeu de poulets », comme l’a appelé le Ministre russe des Affaires étrangères. Mais est-ce un jeu ? Pendant que j’écris ceci, le Congrès US vote la Résolution 758 qui en un mot dit : « Soyons prêt pour une guerre contre la Russie. »

     

    Au 19e siècle, l’écrivain Alexander Herzen décrivait le libéralisme laïc comme « l’ultime religion, bien que son église ne soit pas dans l’autre monde mais dans celui-ci ». Aujourd’hui, ce droit divin est bien plus violent et dangereux que n’importe quoi que le monde musulman crée, bien que peut-être son plus grand triomphe soit l’illusion d’une information libre et ouverte.

     

    Dans les nouvelles, des pays entiers sont appelés à disparaître. L’Arabie saoudite, la source de l’extrémisme et de la terreur soutenue par l’occident, n’est pas un récit, sauf quand elle pousse le prix du pétrole vers le bas. Le Yémen a subi 12 ans d’attaques américaines de drones. Qui sait cela ? Qui s’en soucie ?

     

    En 2009, l’Université de l’Ouest de l’Angleterre a publié les résultats d’une étude de 10 ans de couverture de la BBC du Venezuela. Des 304 reportages diffusés, seuls trois mentionnent des politiques positives introduites par le gouvernement d’Hugo Chavez. Le plus grand programme d’alphabétisation dans l’histoire humaine a à peine reçu une référence en passant. En Europe et dans les Etats-Unis, des millions de lecteurs et ceux qui regardent les TV ne savent pratiquement rien sur les changements de vie remarquables appliqués en Amérique latine, dont beaucoup inspirés par Chavez. Comme la BBC, les informations du New York Times, du Washington Post, du Guardian et le reste des respectable medias occidentaux étaient notoirement de mauvaise foi. On s’est même moqué de Chavez, sur son lit de mort. Comment explique-t-on cela, je me le demande, dans des écoles de Journalisme ?

     

    Pourquoi des millions de gens en Grande Bretagne sont-ils persuadés qu’une punition collective appelée « austérité » est nécessaire ? A la suite du crash économique en 2008, un système pourri a été dénoncé. Pendant une fraction de seconde les banques ont été alignées comme escrocs avec des obligations envers le public qu’elles avaient trahi. Mais, endéans quelques mois, - à part quelques-unes envoyées en l’air pour des « bonus » excessifs – le message a changé. Les photos d’identité judiciaire de banquiers coupables se sont évanouis des journaux et quelque chose appelé « austérité » est devenu le fardeau de millions de gens ordinaires. Y a-t – jamais eu un tour de passe aussi effronté ?

     

    Aujourd’hui beaucoup des prémisses d’une vie civilisée en Grande Bretagne sont démantelées afin de rembourser une dette frauduleuse – la dette d’escrocs. Les coupes de « l’austérité » sont estimées à £83 milliards. C’est presque exactement le montant d’impôts évité par les mêmes banques et des entreprises comme Amazon et Murdoch’s News UK. De plus, on donne aux banques malhonnêtes un subside annuel de £100 milliards en assurance libre et en garanties – un montant qui alimenterait complètement le Service de santé nationale. La crise économique est de la pure propagande. Des politiques extrêmes dirigent maintenant la Grande Bretagne, les Etats-Unis, et une grande partie de l’Europe, du Canada et de l’Australie. Qui se lève pour la majorité ? Qui raconte leur histoire ? Qui met les choses au point à ce sujet ? N’est-ce pas ce que les journalistes sont supposés faire ?

     

    En 1977, Carl Bernstein, fameux pour le Watergate a révélé que plus que 400 journalistes et d’exécutifs d’informations travaillaient pour la CIA. Ils comprenaient des journalistes du New York Times, du Time et de réseaux de TV. En 1991, Richard Norton Taylor du Guardian a révélé quelque chose de semblable dans son pays.

    Rien de tout cela n’est nécessaire aujourd’hui. Je doute que quelqu’un ait payé le Washington Post et beaucoup d’autres diffuseurs médiatiques pour accuser Edward Snowden d’aider le terrorisme. Je doute que quelqu’un paie ceux qui systématiquement diffament Julian Assange - bien que d’autres récompenses peuvent être abondantes. Il est clair pour moi que la raison principale pour laquelle Assange a attiré autant de venin, de malveillance et de jalousie est que WikiLeaks a mis par terre la façade d’une élite politique corrompue maintenues en haut par des journalistes. En proclamant une époque extraordinaire de révélations, Assange s’est fait des ennemis en illustrant et faisant honte aux portiers des médias, et pas le moins au journal qui a publié et s’est approprié cette grande exclusivité. Il est devenu non seulement une cible mais une poule aux œufs d’or. Des livres lucratifs et des accords de films à Hollywood ont été conclus et des carrières médiatiques lancées ou démarrées sur le dos de WikiLeaks et de son fondateur. Des gens ont fait beaucoup d’argent, tandis que WikiLeaks a lutté pour survivre.

     

    Rien de tout cela n’a été mentionné à Stockholm, le 1er décembre quand l’éditeur du Guardian, Alan Rusbridger, a partagé avec Edward Snowden le Right Livelihood Award, connu comme un Prix Nobel de la paix alternatif. Ce qui était choquant au sujet de cet événement était qu’Assange et WikiLeaks étaient évaporés. Ils étaient des non-personnes. Personne n’a parlé en faveur de l’homme qui a été le premier à dénoncer digitalement et a fourni au Guardian une des meilleures exclusivités dans l’histoire. De plus, c’était Assange et son équipe WikiLeaks qui ont effectivement et brillamment – sauvé Edward Snowden à Hong Kong et lui ont assuré la sécurité. Pas un mot. Ce qui a rendu cette censure par omission si ironique et poignante et scandaleuse était que la cérémonie se déroulait au Parlement suédois – où le silence veule sur le cas Assange était de connivence avec une grotesque erreur judiciaire à Stockholm.

     

    « Quand la vérité est remplacée par le silence, » disait le dissident soviétique Yevtushenko, « le silence est un mensonge ». C’est ce genre de silence que nous, journalistes, devons briser. Nous devons nous regarder dans un miroir. Nous devons appeler à la responsabilisation un média irresponsable qui sert le pouvoir et une psychose qui menace le monde d’une guerre mondiale.

     

    Au 18e siècle, Edmund Burke a décrit le rôle de la presse comme un Quatrième Etat contrôlant les puissants. Cela a-t-il jamais été vrai ? Cela ne marche certainement plus. Ce dont nous avons besoin est un Cinquième Etat : un journalisme qui contrôle, qui déconstruit et contrecarre la propagande et enseigne aux jeunes à être des agents du peuple, pas ceux du pouvoir. Nous avons besoin de ce que les Russes appelaient perestroika – une insurrection contre la connaissance assujettie. Je l’appellerais le journalisme réel.

     

    On est 100 ans après la Première guerre mondiale. Des journalistes alors ont été récompensés et ennoblis pour leur silence et leur collusion. Au sommet du massacre, le Premier ministre britannique David Lloyd George s’est confié à C.P. Scott, éditeur du Manchester Guardian : « Si les gens savaient vraiment (la vérité), la guerre serait arrêtée demain, mais bien sûr, ils ne savent pas et n’ont pas la possibilité de savoir. »

     

    Il est temps qu’ils sachent.

     

    *Sur Investig’Action (Toute l’info décodée par michelcollon.info) : La guerre par les médias et le triomphe de la propagande

    Traduction : Nicolas Caseaux.

    Source : http://johnpilger.com/articles/war-...

    Photo : Investig’Action

     

    Biographie (Wikipedia) : Pilger a été correspondant de guerre au Viêt-nam, au Cambodge, en Égypte, en Inde, au Bangladesh et au Biafra. L'un de ses premiers films, Year Zero (Année Zéro) a attiré l'attention de la communauté internationale sur les violations des droits de l'Homme commises par les Khmers rouges au Cambodge.

    Pilger a obtenu de nombreux prix de journalisme et d'associations des droits de l'Homme (le Prix Sophie en 2003), dont, deux fois, le prix britannique du Journalist of the Year.

    Cet activiste anti-guerre n'a de cesse de rappeler la responsabilité de ceux qui savent, des « intellectuels », aux misères et aux violences du monde :

    « Briser le mensonge du silence n’est pas une abstraction ésotérique mais une responsabilité urgente qui incombe à ceux qui ont le privilège d’avoir une tribune.1 »

    En outre, John Pilger possède son propre site web2 où il communique ses idées et ses craintes.

     

    http://www.france-irak-actualite.com/2014/12/la-guerre-par-les-medias-et-le-triomphe-de-la-propagande.html

    LA TELEVISION : le JT de la RTBF et de RTL-TVI ou comment générer un électro-encéphalogramme plat chez les citoyens ?

     

    Sur le blog ce que lesmédias ne nous disent pas

     

     

     

     

    .
    LA TELEVISION : le JT de la RTBF et de RTL-TVI ou comment générer un électro-encéphalogramme plat chez les citoyens ?
    ..
    ...
    . 
    .....

    La prochaine guerre mondiale est déjà engagée
    par Samir Saul, Université de Montréal

    samedi 20 décembre 2014, par Comité Valmy


    Photo : Mahmud Turkia Agence France-Presse
    Les interventions téléguidées dans des révolutions font partie du nouveau arsenal de guerre, aux côté d’une panoplie de moyens.

    La prochaine guerre mondiale est déjà engagée

    Les conflits par procuration et les perturbations induites sont entrés dans la panoplie des instruments de guerre

    L’offensive occidentale déployée contre la Russie en 2014, 100 ans après la conflagration de 1914, marque le point de départ du prochain conflit mondial. Pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis et les leurs sont en campagne contre un pays d’une taille considérable, ayant les attributs d’une grande puissance. Un seuil est franchi. Il ne s’agit plus de l’Afghanistan, de la Somalie, de l’Irak, de la Serbie, de la Libye ou de la Syrie.

    La Russie se situe à une tout autre échelle et ses moyens de défense sont à l’avenant. Point n’est besoin de lui inventer des armes de destruction massive — comme l’ont fait Bush, Blair et consorts pour l’Irak en 2003 — elle en est bel et bien dotée. Les adeptes des conquêtes à faible coût sont peu susceptibles de trouver leur bonheur en Russie. Prêteraient-ils attention à l’histoire que les mésaventures de Napoléon en 1812 et les déboires d’Hitler en 1941-1944 leur rappelleraient combien peut être coriace le Russe qui lutte contre l’envahisseur.

    L’histoire ne se répétant pas, l’affrontement actuel n’est pas une reprise de l’expédition napoléonienne, une réédition de la Première Guerre mondiale ou un redémarrage de l’opération Barbarossa. L’ère des armées de masse mobilisant des millions de soldats semble révolue.

    Guère plus pertinente est l’idée du retour à la guerre froide que d’aucuns évoquent. Le face à face américano-russe s’en écarte, car l’état des deux protagonistes est altéré. Durant la guerre froide se regardaient en chiens de faïence deux superpuissances sûres d’elles-mêmes et s’érigeant en modèles, mais ayant une saine appréciation des capacités de rétorsion de l’autre.

    Des règles tacites prenaient en compte les frictions et les heurts à la marge (pays associés, zones tampons, « tiers-monde »), mais écartaient les atteintes sérieuses à l’espace propre ou aux intérêts vitaux de l’autre. De la crise de Berlin à celle de Cuba, des pratiques et des codes se mettaient en place pour réglementer les relations bilatérales et éviter le pire. Paradoxalement, la dissuasion nucléaire et l’« équilibre de la terreur » contribuaient à la sécurité, ne serait-ce que parce que les lignes à ne pas franchir étaient connues et respectées.

    D’hier à aujourd’hui

    On en est loin aujourd’hui. Ni les États-Unis ni la Russie n’éprouvent l’assurance d’autrefois. Et pour cause. L’économie américaine est en panne, la crise de 2008 ayant étalé les carences du néolibéralisme mondialisé sur lequel repose sa primauté. Son hégémonie menacée, l’« unique superpuissance » s’active pour ralentir sa rétrogradation, désormais sans exclure l’affrontement avec des puissances rétives à son projet. Quant à la Russie, tombée si bas pendant et après l’effondrement de l’URSS, son redressement et le relèvement des conditions de vie de sa population l’empêchent de se plier aux exigences américaines. La Russie n’a pas vocation à s’enfermer dans le rôle qui lui est réservé de satellite fournisseur de matières premières à l’économie mondialisée et d’exécutant de rang subalterne d’une « gouvernance » mondiale hiérarchisée. Des deux côtés, impératifs primordiaux et crainte du lendemain dominent, favorisant la montée des tensions, la multiplication des incidents et un climat anxiogène. Contenue dans des limites reconnues durant la guerre froide, la conflictualité prend le dessus à partir de 2014. L’affrontement n’est plus un tabou.

    Les guerres de nouvelle génération

    Sans doute la page est-elle tournée sur les guerres à l’image de celles de 1914 et de 1939. Actuellement, le volet militaire est un complément à un conflit politico-économique. Le plus frappant dans la campagne en cours contre la Russie est son caractère familier. Comme par réflexe, les États-Unis recourent au répertoire de méthodes constitué durant les deux décennies d’unilatéralisme qui ont suivi la fin de la guerre froide.

    La voie traditionnelle de l’attaque militaire-invasion-occupation ayant échoué en Irak, la boîte à outils privilégie les changements de régime par la déstabilisation, les « révolutions colorées », les ONG à multiples emplois, les guerres irrégulières sous-traitées à des milices (djihadistes, néonazis, etc.), le déchaînement médiatique, les sanctions-embargos, la « promotion de la démocratie et des droits de la personne », l’« ingérence humanitaire », la « responsabilité de protéger », etc. Cet arsenal s’étoffe depuis un quart de siècle. Il s’étend aux opérations militaires avec ou sans coalition ou aval du Conseil de sécurité (Kosovo, Irak). On y retrouve aussi des conflits par procuration et des guerres combinant bombardements aériens et combats au sol par des supplétifs locaux ou importés (Kosovo, Libye, presque lancée en Syrie en septembre 2013).

    Le fait nouveau de 2014 est la soumission de la Russie à un traitement jusque-là conçu pour de petits pays récalcitrants. Comme d’habitude, les auteurs des sanctions antirusses disent leur espoir de voir la population à laquelle ils comptent infliger des privations se retourner contre son gouvernement. Il n’empêche que les opérations de mainmise, de reprise en main ou de mise au pas ont une tout autre portée lorsqu’elles visent une grande puissance capable de riposter.

    Un scénario similaire se dessine à l’égard de la Chine. Avec un an d’avance sur la date prévue, son PIB vient de dépasser celui des États-Unis, lesquels perdent leur statut de première puissance économique mondiale acquis en 1872. La Chine pourrait ne plus trouver son compte dans un système mondial centré sur les États-Unis. Elle risque de se lasser de soutenir le branlant édifice financier américain et de détenir des masses de dollars se rapprochant d’une monnaie de singe. L’or qu’elle stocke en dit long. À Hong Kong, elle aussi a droit à un happening protestataire calquant les « révolutions colorées ».

    Autant pour la Russie que pour la Chine, l’intention est de les neutraliser de l’intérieur. L’encerclement militaire, les démonstrations de force et le discours martial sont un moyen de pression au service de l’objectif poursuivi : la soumission par la désarticulation interne. Si cette stratégie fait long feu, la voie militaire serait empruntée sans détour. Si, au contraire, le but est atteint, effondrements étatiques, désordres à grande échelle et démembrements de pays s’ensuivront. Déjà, la guerre économique sous forme de sanctions et de plongeon des cours du pétrole fait des dommages « collatéraux » à des économies tierces. Les perturbations induites et les troubles provoqués sont entrés dans la panoplie des instruments de guerre. Dans tous les cas de figure, de fortes turbulences sont prévisibles dans cette guerre mondiale nouveau genre entamée en 2014.

     

    Samir Saul - Professeur d’histoire, Université de Montréal, CERIUM
    18 décembre 2014
    Texte reçu de l’auteur

     

    http://www.comite-valmy.org/spip.php?article5399

     

    ..


  • Commentaires

    1
    Mercredi 18 Mai 2016 à 08:44

    Les feujs sont de partout et dominent le monde !

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :